dites là n’est pas possible. — Un instant déconcerté, l’ambassadeur se ressaisit bientôt et poursuit dans les milieux diplomatiques la campagne qu’il a ainsi engagée, si bien que deux jours après, son collègue d’Autriche questionne, à ce sujet, M. Geoffray, ministre de France. A Vienne, le général de Wedel fait, le lendemain mercredi 14, une communication identique au comte Goluchowski. Le comte de Monts, plus rudement, somme, au nom de la conscience européenne, M. Sonnino de nous mettre en demeure de céder. A Washington, le baron Speck de Sternburg vient prier M. Root de ne pas nous encourager dans une obstination que tous réprouvent à Algésiras, et il invoque, comme ses collègues, la caution de M. de Radowitz. Enfin, à Saint-Pétersbourg, M. de Schœn est plus affirmatif : tout le monde, d’après lui, a « lâché » la France. La Russie se singulariserait en la soutenant plus longtemps.
Alors sonne l’heure de porter le dernier coup, et voici qu’interviennent le prince de Bülow et l’Empereur lui-même. Le 12 mars, le chancelier de l’empire télégraphie au comte Witte, sans passer par le comte Lamsdorf. Et il lui dit en substance ceci : — L’Allemagne n’a cessé de céder. La France semblait tardivement en convenir, quand à nos « avances, » elle a répondu par des exigences nouvelles. Elle est l’objet d’un blâme universel, même de la part des Anglais. A vous de lui faire entendre raison par une énergique intervention et d’obtenir l’envoi d’instructions nouvelles à M. Révoil, si l’on ne veut aboutir à une rupture définitive.
On a vu ce qui s’était passé à Algésiras, comment, seuls depuis le 8 mars, nous avions fait une concession en acceptant l’inspection ; comment à cette concession l’Allemagne avait répondu par l’immobilité ; comment enfin le plénipotentiaire anglais en avait été le premier surpris. Tout contredit donc les assertions du chancelier. Aussi bien, pour les juger, il suffit de relire les procès-verbaux des séances. Cependant, deux jours après, le 14 mars, Guillaume II se les approprie et, répondant télégraphiquement à la dépêche que lui avait adressée le 7 mars M. Roosevelt, il déclare que le projet de ce dernier (police franco-espagnole, rapports de la légation d’Italie) n’est pas acceptable ; que le projet autrichien est d’ailleurs excellent et qu’on l’approuve sans réserve à Algésiras ; que l’Angleterre, la Russie, l’Espagne même le jugent bon ; que les États-Unis doivent à leur tour nous presser de