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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 38.djvu/153

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HONNEUR MILITAIRE

II[1]
GUERRE DE FRANGE (1870)


De la campagne de Chine à la guerre de France, dix années — à peu près — s’écoulèrent sans que ce fût une période de paix ; l’expédition du Mexique marqua cette époque d’un retentissement d’armes qui provoqua la désapprobation populaire. Cette secousse politique devait, sinon nous frapper, du moins nous atteindre de nouveau.


I

L’état de Robert Le Brieux nécessita un congé plusieurs fois renouvelé ; il passa toute une année en France, dans notre maison, où si rarement nous étions réunis. La première partie de cette année s’écoula, pour lui, dans des souffrances presque continuelles, et pour nous dans la crainte de le perdre ; aussi, lorsqu’il recouvra la santé, ce nous fut une joie inattendue à laquelle tout d’abord nous n’osions croire, tant l’inquiétude nous était devenue habituelle.

Aussitôt que Robert put voyager, nous partîmes tous les deux. « La montagne nous attirait, » nous allions à la montagne, c’est-à-dire en Suisse, en Haute-Savoie, sans but déterminé, n’ayant souci ni des guides, ni du bien-être, à l’aise dans les chalets au bois bruni par le soleil. Le temps était merveilleusement beau. L’atmosphère d’une transparence sans égale permettait de voir, du point le plus éloigné, les hautes cimes couvertes de neige et les prairies en fraîche parure de floraison estivale.

Après les montagnes, après les plateaux, les vallées tranquilles, nous arrivions au lac de Genève à l’heure la plus éclatante de ce jour

  1. Voyez la Revue du 15 janvier.