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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 38.djvu/298

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UN
ESSAI D’ÉGLISE SÉPARÉE EN FRANCE
AU XVe SIÈCLE

LA PRAGMATIQUE SANCTION


I

Le 19 décembre 1516, le concile du Latran ouvrait sa onzième session. Quoique le Concordat, récemment conclu entre François Ier et Léon X, y dût être discuté et approuvé, l’intérêt de cette session semblait, aux yeux de Rome, résider dans un autre débat.

Le Concordat ayant été accepté par les Pères après une assez vive discussion, Jean Palaviccini, évêque de Cavaillon, gravit à son tour, au centre de la Basilique, les degrés de l’ambon de marbre. Au nom du Saint-Père, il demanda à l’Assemblée de condamner « la Pragmatique ou corruption de Bourges, » entreprise de schisme et d’hérésie qui, pour le malheur de la Chrétienté, avait failli séparer et tenu longtemps éloignée de l’Eglise la France, sa fille aînée.

L’évêque de Cavaillon multipliait vainement les épithètes sévères. Tous les Pères réunis au Latran se rappelaient assez en quels termes les papes avaient, depuis quatre-vingts ans, flétri cette « constitution schismatique des prélats de Bourges » qui, s’était écrié Pie II dès 1460, « faisait, si elle était tolérée, de l’Église quelque chose de monstrueux, y introduisait une hydre à têtes multiples. » Autour des papes, depuis près d’un siècle, on déclarait abominable une loi « à l’abri de laquelle les prélats