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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 38.djvu/307

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des rapports de Louis XI avec le Saint-Siège arrivait, en ce qui concernait le rusé souverain, aux mêmes conclusions[1] ; et voici qu’à son tour M. Noël Valois écrit que, « loin de clore l’ère des négociations entre le Saint-Siège et la France, l’acte de 1438 sembla plutôt la rouvrir. » Pas un instant nos rois n’estimèrent qu’une rupture avec le Pape, violente et irréparable sur le double terrain spirituel et temporel, devait suivre une manifestation d’indépendance, si audacieuse fût-elle, et avoir pour conséquence le retrait des représentans français au-delà des Alpes. Jamais on ne vit plus d’agens sur le chemin de Paris à Rome qu’au lendemain de la Pragmatique, prêts à profiter de la moindre lassitude témoignée par la Curie pour lui imposer les desiderata du Roi. De 1438 à 1515, le dessein paraît constant et tout pareils les procédés.

C’est pour ces raisons que le gouvernement français avait accueilli avec une extrême froideur les Concordats conclus en 1418 entre le pape Martin V et les prélats de la « nation française » du Concile de Constance. Cette attitude réservée venait moins de ce que le Pape paraissait avoir bien peu cédé, que de ce que l’accord s’était fait en dehors des conseils de Paris. Même en pleine crise, à l’heure où, pour se faire reconnaître par Rome, le parti anglais, maître de la capitale, multipliait les courbettes et les avances à la Curie, le gouvernement désemparé de Charles VII, réfugié sur la Loire, refusa constamment d’appliquer aux quelques provinces restées sous sa loi le Concordat illusoire, passé sans le consentement des Valois, entre les « pères » français de Constance et le Saint-Siège. Proscrit, dépouillé, Charles VII ne céda point. Il savait qu’à Paris où tout était soumis à Redford et aux Lancastre, Parlement et Université, si ralliés fussent-ils, voyaient d’un œil jaloux la politique ultramontaine des Anglais. N’était-ce point sous la loi de Redford que le Parlement, frémissant de cette contrainte, avait accueilli avec joie et publié un réquisitoire du procureur général où se lisait cette phrase cruelle : « Dieu dist à saint Pierre : Pasce oves meas, mais il ne dist mie : Tonde oves meas ? »

  1. Combet, Louis XI et le Saint-Siège, Hachette, 1903.