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marqué de sorcellerie. La femme hova retient l’homme, son ami, artiste et musicien, par sa démarche à la fois droite et langoureuse, par les nuances pâles, — rose turc, mais clair, bleu turquoise, — qu’elle sait choisir en harmonie avec sa peau ambrée, et par l’art voluptueux avec lequel elle drape son élégance flexible dans les étoffes blanches qu’elle préfère à toutes. La Hova est belle quand son visage de Malaise, d’un jaune jaspé de rouge comme la goyave, et chaud comme l’orange, s’offre ovale sous une masse de chevelure sèche et luisante qui se répartit sur les omoplates en deux tresses lourdes à demi dénouées. Sa physionomie est faite de passivité féline et de réticence. Le front est grand, plat, vague ; les sourcils, d’une très fine sensitivité, se froncent sur un regard bridé, aiguisé, qui guette ; les pommettes carrées élargissent la figure épanouie. Tempes, joues et menton sont reposés, indiquent le peuple longtemps dominateur, tranquille, sûr de sa paix, en sorte que la lumière se plaît à en teinter le modelé aux lignes recueillies. Souvent même le visage poli de l’Andriana (noble), pesant de placidité, porté avec dignité sur des épaules sereines, impose un caractère de majesté princière qui se poursuit à la finesse des mains et des pieds. Plus massive, ornée comme une souveraine de boucles, d’anneaux, de bracelets, de chaînes, de verroteries, de porcelaine et de métal, la Sakalave domine la vie avec des yeux contemplatifs et forts où commande plutôt la vigueur de la race africaine. Aussi ardente aux fêtes qu’elle est tenace au labeur, elle emporte le désir de l’homme par une virtuosité de danseuse à se draper.

Mais la plus souple ingéniosité amoureuse de la femme malgache s’exerce assurément dans l’art de sa coiffure : tantôt sculpture quand elle fait de ses cheveux des couronnes de boules rondes en forme de fruits tropicaux, — Baras, Sakalaves, Betsimisarakas, — qui s’harmonisent parfaitement aux courbes accomplies du front, des joues et du menton ; tantôt dentelle, du plus subtil tressage, quand, à la façon de la Hova, elle divise sa chevelure, sur sa tête presque dénudée, en menues nattes fines comme des cordelettes qui vont s’amarrer en chignon court à la nuque, surtout quand, à la manière de la Betsileo, elle superpose une série de coques ouvragées comme de petits paniers ovales qui, s’adaptant au crâne, le recouvrent de toutes parts avec un relief de cabochons. La femme indigène qui, à part la Tanala, d’ailleurs la plus simplement peignée, ne porte pas de