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l’Angleterre, avec cette différence toutefois que les settlements uniquement féminins sont plus nombreux que les settlements masculins, que l’on s’attache plus à l’éducation économique et professionnelle du peuple qu’à son éducation intellectuelle, que l’on s’occupe plus de l’enfant et de l’adolescent que de l’homme fait.

On voit ce que représente ce mot de settlement, qui est à la mode depuis quelques années, chez nous, dans les milieux qui s’intéressent au peuple. La Belgique exceptée, la France est le seul pays de l’Europe continentale où le settlement existe, sous le nom très heureux de résidence sociale ou de maison sociale. En 1896, Mlle Gahéry, qui, sans connaître le moins du monde les settlements et leur fonctionnement, était depuis longtemps pénétrée de l’idée qu’on ne pouvait rien pour le peuple si l’on ne vivait avec lui, s’en alla visiter les settlements anglais. C’était l’époque où le propriétaire du local qu’elle louait dans le quartier Saint-Ambroise lui avait signifié son congé. À son retour d’Angleterre, elle raconta ce qu’elle avait vu à la marquise Costa de Beauregard ; M. Costa de Beauregard écrivit, d’après les documens rapportés par Mlle Gahéry, une étude sur la charité sociale en Angleterre, et aida Mlle Gahéry à trouver pour son œuvre expulsée un nouvel abri. Le premier settlement était fondé. Quand agrandi il déménagea de la rue du Chemin-Vert à la rue de la Folie-Regnault, il était devenu l’œuvre à la mode. Mlle Gahéry dit plaisamment que le settlement était pour les profanes quelque chose d’anglais comme le football ou le tennis, et il évoluait d’une façon qu’elle déplorait. Mlle Gahéry se retira. Elle voulait bien qu’il y eût dans son œuvre un settlement, mais non que son œuvre fût uniquement un settlement. L’œuvre sera-t-elle abandonnée ? Non : la baronne Piérard et Mme Le Fer de la Motte qui cherchaient à établir dans les quartiers pauvres de Paris des permanences où s’adresseraient les femmes du peuple et des garderies d’enfans, vont la reprendre ; ce sera l’Œuvre sociale. D’autres femmes, qui avaient à leur tête Mme Bertrand et Mme Roger-Jourdain, venaient de constituer une œuvre analogue à Montrouge, rue Boulard. Il fut aisé de fusionner : les deux organisations s’unissent sous le seul nom de Maison sociale. Il y a ainsi cinq maisons sociales : à Ménilmontant, à Montrouge, à Montmartre, à la Villette et, avenue d’Italie, un secrétariat les relie.