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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 mars.


Vendredi 8 mars, Paris a éprouvé à la fin de la journée une surprise désagréable : la lumière électrique lui a été subitement coupée. Et la lumière électrique tient une si grande place dans son système d’éclairage, soit public, soit privé, qu’il s’est trouvé plongé dans une profonde obscurité. Chacun y a pourvu comme il l’a pu. Les lampes et les bougies ont rendu modestement des services qu’on ne leur demandait plus guère depuis longtemps ; mais elles n’ont pas suffi à tout. Les théâtres sont restés fermés. Les trains, dans les gares, sont partis en retard. Les restaurans et les cafés, si brillamment illuminés d’ordinaire, ont eu de la peine à lutter contre la nuit ambiante. On n’a pas tardé à apprendre que le phénomène était dû à une grève des ouvriers électriciens. Rien ne l’avait fait prévoir, et peut-être faut-il à quelques égards s’en féliciter, car les apaches, s’ils avaient été avertis, auraient pu faire de beaux coups. Il est vrai aussi que les pouvoirs publics auraient sans doute pris quelques mesures pour parer aux inconvéniens et aux dangers que devait fatalement provoquer la brusque résolution des électriciens.

Mais pourquoi ceux-ci se sont-ils mis en grève ? Pourquoi ont-ils porté une atteinte brutale aux intérêts, aux besoins, aux habitudes de la population parisienne ? En vérité, pour peu de chose : on serait tenté de dire pour rien. Le Conseil municipal discute en ce moment, ou se prépare à discuter les conditions nouvelles du régime de l’électricité. Les compagnies actuelles se sont associées pour faire des propositions à la Ville. Le syndicat des ouvriers a été entendu ; il a exposé ses désirs qui portent sur deux points principaux : l’assimilation de leurs traitemens à ceux des ouvriers du secteur des Halles exploité par la Ville, et certaines combinaisons, d’ailleurs