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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 38.djvu/548

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et Cornélius Balbus, le neveu et l’héritier du richissime agent de César, avaient consenti à construire chacun un autre théâtre. Agrippa avait presque terminé le Panthéon ; il s’occupait aussi de faire achever l’autre grande construction entreprise par César, les Sæpta Julia qui étaient destinés aux comices ; il avait résolu de transformer le modeste « laconicum » construit derrière le Panthéon en thermes immenses et somptueux, pareils à ceux dans lesquels on se baignait dans la Syrie, en construisant pour l’alimenter un nouvel aqueduc long de quatorze milles qui devait recevoir le nom de Aqua Virgo[1]. Agrippa entreprit en outre de faire, pour le service des eaux, ce qu’Auguste avait fait pour les finances. Les magistrats qui, d’après la constitution, devaient s’occuper des aqueducs étaient les censeurs et les édiles. Mais les censeurs n’étaient plus élus depuis longtemps, et les édiles ne s’en occupaient pas. Agrippa choisit donc parmi ses esclaves un personnel actif et intelligent qui veillerait sur les aqueducs de Rome et s’occuperait de les réparer et de les bien entretenir[2].

Une entreprise plus difficile pour le fils de César, pour le triumvir des proscriptions, c’était de se réconcilier avec la noblesse historique ; mais Auguste s’y appliquait avec une patience inlassable, une perspicacité toujours en éveil, et des moyens très puissans. Non seulement, dans les élections, il appuyait avec son influence les personnages les plus éminens pour les aider à s’emparer comme jadis des magistratures ; non seulement il ne perdait aucune occasion d’être agréable ou à la noblesse tout entière, ou à l’un de ses membres le plus en vue, mais il se proposait aussi, — et c’était là un gage de paix plus solide que tant d’hommages platoniques, — de reconstituer les fortunes des grandes familles, ruinées par la guerre civile. Rome possédait dans les provinces un immense patrimoine de terres, de forêts, de mines que les guerres civiles avaient encore accru, et dont la République avait tiré profit en les louant à des sociétés de publicains. Mais maintenant que les grandes sociétés qui louaient ces domaines étaient dissoutes, que le nombre des gros capitaux avait diminué, que l’esprit de spéculation s’était affaibli en Italie, une grande partie de ces biens avait été abandonnée, et les bénéfices qu’ils rapportaient avaient été dispersés, déviés par mille canaux hors des caisses publiques. Le mal était

  1. Cardthausen, Augustus und seine Zeit., t. 1, p. 995.
  2. Front., De aq., 98.