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consistant à dépenser beaucoup, à dépenser sans compter à Rome, et de façon que toutes les classes en profitent. S’il ne plaçait pas les intérêts de la métropole au-dessus de tous les autres intérêts de l’Empire, il les mettait du moins sur les mêmes rangs que les intérêts les plus graves. A partir de ce moment et pendant des siècles, les fêtes publiques de Rome seront pour le gouvernement un souci non moins grave que l’équipement des légions. Le trésor était à moitié vide ; tous les services publics, depuis la défense des frontières jusqu’aux routes, étaient en désordre par suite du manque d’argent ; l’Empire était épuisé. Et cependant Auguste se hâtait, même avant de pourvoir à ces nécessités, de dépenser à Rome, et pour des œuvres publiques d’une utilité secondaire, des sommes énormes qu’il fournissait lui-même ; et il engageait ses amis et ses parens à suivre son exemple, de façon à ne pas laisser manquer de travail et d’argent le petit peuple et la classe moyenne. Ce gouvernement faible, qui ne disposait même pas d’une police médiocre, n’avait pas d’autre moyen pour maintenir l’ordre dans la capitale. Il continua la réparation des temples, et il entreprit de restaurer avec un soin particulier le grand sanctuaire de Jupiter sur le Capitole, et le théâtre de Pompée[1] ; de reconstruire le portique élevé par Cneius Octavius, presque un siècle auparavant et détruit par un incendie[2] ; mais il décida de construire au commencement de la voie Sacrée un temple au dieu Mars ; de rebâtir sur le Quirinal le très vieux temple de Quirinus, et aussi sur l’Aventin les temples très anciens également de Minerve et de Juno Regina[3]. Si la religion diminuait à Rome, ce ne serait pas faute d’édifices religieux ! Auguste songeait en outre à construire un nouveau forum. L’ancien forum et celui de César ne suffisaient pas aux besoins de la ville qui s’était tellement étendue ; Auguste se proposait donc d’en construire un autre autour de ce temple de Mars Vengeur qu’il avait fait à Philippes le vœu d’élever, et qui, dans sa pensée, devait être le grand sanctuaire de l’armée romaine. Il continua aussi la construction du grand théâtre commencé par César. Ses amis, Statilius Taurus,

  1. Mon. anc, 4, 9. Je donne comme une hypothèse assez vraisemblable, mais sans preuves certaines, que cette restauration, comme plusieurs des autres travaux du même genre, dont nous parlerons plus loin, ait été entreprise à cette époque. Voy. Mommsen, Res gestæ Divi Augusti, Berlin, 1865, p. 55.
  2. Mon. anc, IV, 3-4 ; Festus, p. 178.
  3. Mon. anc., IV, 6.