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splendeur, et je reviens donc aux récits des moines bourguignons du XIe siècle,

4° Dans la relation que je viens d’analyser, ce n’était plus Girard, mais un évêque d’Autun qui avait eu la gloire de donner à Vézelay les saintes reliques ; s’il expulsa Girard, ce fut, je suppose, grâce à quelque accalmie de la lutte entre le monastère et l’évêché, en un moment fugitif où les moines crurent expédient de placer le pèlerinage sous la protection de l’évêque d’Autun ; mais bientôt, ils en revinrent à Girard dans ce quatrième et dernier récit[1] :

« Sous le règne de Louis le Pieux et de son fils Charles » et (pour plus de précision) « vers l’an 749 »[2], les Sarrasins désolaient la France. Le comte Girard, qui venait de reconstruire le monastère de Vézelay, ayant appris que sainte Marie-Madeleine avait été ensevelie dans les environs d’Aix aux côtés de saint Maximin, se concerta avec l’abbé Odon, et tous deux envoyèrent en Provence un des moines de l’abbaye, nommé Badilon. Les recherches de Badilon furent heureuses et il rapporta à Vézelay le corps précieux.

Ainsi, à cette question : qui vous a procuré vos reliques ? les moines de Vézelay ont répondu tour à tour : 1° Qu’importe ? Dieu est puissant ; 2° Ce sont Girard et Berte, nos fondateurs, qui ont envoyé des moines les chercher outre-mer ; 3° C’est l’évêque d’Autun qui les a fait rapporter de Saint-Maximin d’Aix par le chevalier Adelelmus ; 4° C’est le comte Girard qui les a fait rapporter de Saint-Maximin d’Aix par le moine Badilon[3].

Qu’est-ce que ce Badilon ? On rencontre dans la chanson de Girard de Roussillon un personnage épisodique nommé Bèdelon : au § 596, il est présenté comme un chevalier ou un écuyer qui prend part à une opération de guerre ; plus tard (§§ ; 617, 652-5, 671, 674), il assiste Girard de ses conseils, et toujours il est donné comme un homme sage et pieux. Si Badilon et Bèdelon sont un même nom et désignent un même personnage, ou bien ce personnage a joué, dans ce vieux récit monastique de la translation des

  1. Faillon, t. II, p. 746.
  2. Anno... plus minus spetingentesimo quadragesimo nono, regnante Ludovico regum piissimo necnon el. filio ‘eius Carolo...
  3. L’abbé Faillon, Mgr Duchesne, G. Doncieux sont d’accord pour classer en cet ordre les versions 1, 3, 4. C’est le mérite de M. Antoine Thomas d’avoir introduit dans la série, à sa place vraie, la chanson de geste, le n° 2. M. Collijn accepte cet ordre, le seul acceptable en effet.