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d’une partie Girard historique ne l’a pas porté[1], et d’autre part le mont Lassois ne semble jamais s’être appelé dans la réalité autrement que le mont Lassois. On cherche vainement Roussillon sur les cartes anciennes ou récentes, dans les documens historiques, dans les chartes. Il y a un document pourtant où on le rencontre, et c’est précisément un itinéraire de pèlerins. Trois manuscrits des œuvres de Mathieu de Paris nous ont conservé un itinéraire au XIIIe siècle, en forme de carte, de Londres à Rome et à Jérusalem ; les étapes y sont le plus souvent des sanctuaires[2]. Là, sur cette carte destinée à des pèlerins, non loin de la Seine, entre un encadrement où sont écrits ces mots : Puteres abbatia et un croquis de la tour de Chastellun sur Seine, un petit dessin représente une élévation : Russellun monticulum.


Je résumerai cette étude en ces quelques propositions.

Pour expliquer que sainte Marie-Madeleine soit devenue en France au Xie et au XIIe siècle l’objet de récits poétiques, il n’est pas nécessaire de supposer et personne ne suppose que des aèdes l’aient chantée en des « cantilènes » du IXe siècle. On n’a aucune raison de le supposer davantage de Girard et de Berte.

Mais Girard et Berte, fondateurs des abbayes de Pothières et de Vézelay, les avaient enrichies de reliques précieuses, notamment des corps de saint Eusèbe et de saint Pontien ; ils avaient eux-mêmes fait composer un récit de ces translations, et par là leur souvenir survécut chez les moines, comme celui d’habiles

  1. Les documens où il apparaît sont sous l’influence de la chanson de geste, comme ce fragment du nécrologe de Sainte-Marie et Saint-Lazare d’Avallon : « IV. nonas martii obiit Gevardus de Rossilione. » (Mabillon, Annales ord. S. Benedicti, t. III, p. 143.)
  2. La mention de Roussillon sur cet itinéraire a déjà été remarquée par P. Paris, Les Manuscrits françois de la Bibliothèque du Roi, t. VI, p. 107. Jomard (Les Monumens de la géographie) en a donné un fac-similé. Cf. sur les manuscrits l’introduction de sir Fr. Madden à l’Historia Anglorum (collection du maître des rôles, 1866), p. XLV SS.).