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prêtre de son Dieu personnel : Douchara. Ce roi était divinisé après sa mort, coutume du reste très répandue chez les peuples de l’antiquité. C’était un homme simple, servant ses hôtes et portant seulement, comme insigne de sa charge, un manteau de pourpre. Les auteurs anciens ajoutent cette particularité assez curieuse sur les mœurs des habitans de la péninsule Arabique : c’est que les Nabatéens n’avaient pas la communauté des femmes dans une même famille comme cela se passait dans le sud de l’Arabie. Pour garantir les fortunes de ce peuple de commerçans, et pour empêcher les recours contre les biens d’un ménage, si le mari s’était engagé dans de mauvaises spéculations, la loi sauvegardait la dot de la femme.

Les citoyens les plus estimés étaient ceux dont la fortune s’était le plus agrandie ; non seulement, vivans, ils étaient comblés d’honneurs, mais après la mort, sur le théâtre, les acteurs chantaient leurs louanges, et tous les assistans se joignaient à eux pour acclamer leurs noms.

Les gens, au contraire, qui n’avaient pas été heureux dans les affaires ou qui ; à la suite de spéculations mauvaises, s’étaient ruinés, devenaient l’objet de la dérision du peuple, et sur ce même théâtre, après leur mort, ils étaient désignés aux générations nouvelles comme des exemples ridicules, honteux, et à ne pas suivre.

En résumé, nous voyons que les Nabatéens étaient plutôt des marchands, des trafiquans, des caravaniers, que des guerriers. Aussi, toujours et partout, cherchent-ils à vivre en paix avec leurs voisins. Ils sont sans orgueil. Sont-ils vainqueurs, ils payent le vaincu pour lui enlever l’amertume de sa défaite. Un pouvoir grandit-il à l’horizon qu’aussitôt ils le ménagent ou le flattent.

Sous un des rois de Pétra, Arétas Ier, vers 170 avant J.-C, ils allaient offrir l’hospitalité à Jason, grand prêtre des Juifs, mais finalement, ils la lui refusent à cause de l’hostilité d’Antiochus Épiphane contre lui. Habiles à se servir des circonstances, entre 110 et 100 avant J.-C, les Nabatéens profitent des troubles de l’Égypte pour s’agrandir et se créer un véritable royaume, dont la période la plus prospère s’écoule sous le règne d’Arétas III vers 87 à 62 avant J.-C. Pompée fait assiéger Pétra ; il échoue, mais, fidèles à l’ancien usage, les Nabatéens payent un tribut au général vaincu. Un roi du nom de Malichos II, et qui règne entre 40 et 75 ans après J.-C, vient en aide à Vespasien contre