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cour, se trouve un réservoir creusé dans le rocher, où l’eau des pluies nécessaire aux cérémonies était recueillie. Devant l’autel, vers le milieu de cette cour, on trouve une sorte de dalle, entaillée dans le grès, légèrement surélevée, et sur laquelle se tenait peut-être l’officiant à certains momens des prières. Un banc limite la face Nord du sanctuaire.

Si on en juge par le nombre des places, l’assistance pouvant figurer aux sacrifices devait être très restreinte.

Sans doute, ce privilège était-il réservé à une certaine caste de citoyens, prêtres ou grands de la nation. On peut se figurer la majesté des cérémonies dans ce site admirable, dominant toute la Pétra vivante, toute la Pétra des morts, car les tombes enserrent la colline sur plusieurs étages, dominant aussi cet horizon de montagnes, où la mer des sommets et des pics est dorée au déclin du jour.

On peut s’imaginer la grandeur de la scène quand, après les prières, la fumée des holocaustes, suprême offrande du peuple à la divinité, s’envolait, légère, vaporeuse, argentée, vers le ciel en feu, des couchers de soleil de l’Orient, puis, à la nuit tombante, quand l’officiant et les rares assistans redescendaient gravement de la montagne du mystère par les escaliers roses, vers la ville déjà plongée dans une demi-obscurité.

En dehors de ce Haut-Lieu, de celui de Ed Deir, il en existe un autre à El Hubzeb signalé par M. F. E. Hoskins, et vu cette année par les P. P. Molloy et Colunga. Il se trouve dans le massif de montagnes surplombant la tombe de Sextus Florentinus. Il semble que chaque quartier de Pétra avait sa paroisse de Haut-Lieu, comme cela se passe dans nos villes, pour nos églises.


Si, au lieu de redescendre directement sur Pétra, on laisse les deux obélisques à gauche, en allant vers le Sud, on arrive dans un autre cirque, celui de El Mer. Là, les grès sont rouges roussis. Des blocs énormes recouvrent toutes les pentes. La confusion y est effrayante. L’agonie de ces montagnes qui se désagrègent est une agonie 1 elle ment puissante ! Lentement, le rocher nu, n’ayant plus de chair pour le protéger, s’en va par lambeaux, et la montagne meurt grandement comme pour tout ce qui finit dans la nature.

Au fond du cirque, dans l’endroit le plus désolé peut-être, si