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ils reposent et où ils continueront leur route, broyant tout sur leur passage.

Les grès rouges assombris par l’humidité ou brûlés par le hâle, déchirés par la chute des pierres, usés par le temps, sont ridés, crevassés, troués, rongés. Des lauriers-roses, quelques thuyas noueux, arbustes nains centenaires, poussent dans ce sol ingrat, profitant des anfractuosités des grès pour s’y accrocher.

Un peu d’herbe verte, des plantes aux larges feuilles luisantes se montrent dans les parties où l’eau suinte goutte à goutte. Autrefois, un escalier monumental, entaillé dans la pierre, menait au sommet de la montagne sacrée, en suivant les gorges ou les flancs les moins abrupts du rocher. Mais le temps l’a bien ruiné. Les marches en plus d’un endroit sont usées ou écrasées ; des blocs d’un cube considérable obstruent les passages et, fréquemment, c’est en rampant ou en se faufilant parmi eux qu’il est possible de passer.

Avant d’arriver au sommet, mais très près, on trouve : au Sud, deux obélisques taillés sur une esplanade, puis, au Nord, de l’autre côté d’un profond fossé artificiel, les restes d’une forteresse dont la date de construction est encore indéterminée.

Enfin, si passant par-dessus les ruines de la forteresse, on gagne le point culminant de la montagne, on arrive au Haut-Lieu de prières. Le rocher a été creusé sur une petite profondeur, donnant un parallélogramme à fond uni, long d’environ 14 mètres sur 6. L’autel, placé près du bord Ouest, est orienté, lui aussi, de ce côté. Il a été découpé dans le grès. Sa hauteur est d’à peu près 90 centimètres ; il mesure 2m, 70 de long sur 1m, 90 de large ; quatre marches, dont une plus étendue, font corps avec l’autel. Au centre de l’autel, une cuvette longue d’un peu plus d’un mètre, large de 35 centimètres, servait probablement aux holocaustes. Il semble, en en grattant le fond, aujourd’hui recouvert de mousse, qu’on retrouve de la pierre calcinée. Des trous, près des angles de l’autel, donnent à penser qu’il y avait un revêtement de métal. Cet autel est complètement séparé du reste par un couloir qui en fait le tour. Sur le côté gauche, un autre autel de dimensions analogues, mais dont le dessus n’a pas été égalisé, était probablement destiné à y égorger les victimes.

Il y a, entaillée au milieu, une cuvette parfaitement circulaire avec un trou dans son centre, aboutissant à un canal pour l’écoulement des liquides et du sang. Plus loin, au Sud de la