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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 39.djvu/202

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que certains d’entre eux auraient présentées ou ressenties sur ces mêmes parties du corps par lesquelles Jésus souffrit depuis sa condamnation jusqu’à sa mort. Il y aurait eu ainsi des stigmates correspondant au couronnement d’épines, à la flagellation, à la pesée de la croix sur l’épaule et au crucifiement.

La plupart du temps, ces stigmates, invisibles au dehors, se seraient traduits seulement par des souffrances locales ; d’autres fois aussi, ils se seraient manifestés hors de la sensibilité par une modification visible et permanente du corps, et, si l’on en croit les historiens du mysticisme, ces stigmates merveilleux auraient été constatés à plusieurs reprises dans des conditions qui ne permettraient pas le doute.

Catherine de Raconisio[1], dont Razzi a écrit la vie, d’après les manuscrits de Jean-François Pic de la Mirandole, a présenté, entre autres stigmates, celui de la croix et de la couronne avec une netteté particulière. Au cours d’une contemplation, elle avait vu Jésus lui mettre à deux reprises sa croix sur une épaule, et la seconde fois elle avait accepté ce fardeau avec résignation. Elle en garda toute sa vie une épaule plus basse que l’autre et comme chargée d’un poids trop lourd.

La même Catherine, âgée de dix ans, avait reçu de Jésus deux couronnes, l’une de fleurs, l’autre d’épines, et elle n’avait voulu accepter que la seconde ; mais elle n’en devait porter les marques sanglantes que beaucoup plus tard.

Jean-François Pic de la Mirandole, qui eut l’occasion de les observer, les décrit en ces termes : « Elle avait, tout autour du crâne, un cercle formé par un enfoncement assez large et assez profond pour qu’un enfant pût y mettre le petit doigt et autour duquel étaient des bourrelets où il y avait du sang ramassé. Elle me raconta qu’ils saignaient souvent et abondamment. Je l’ai vue moi-même souffrir, à cause de cette couronne, les douleurs les plus violentes ; et ses yeux se couvraient d’un nuage sanglant[2]. »

Görres raconte, d’après le Ménologe de saint François[3], qu’une mystique de Sicile, Archangèle Tardéra[4], qui vivait vers 1568, avait obtenu de Jésus, entre autres marques de sa

  1. 1486-1547.
  2. Jean-François Pic de la Mirandole, Diario Dominicano de Marchese, V, 40.
  3. 2 sept. p. 1810. Görres, op. cit., II, 228.
  4. 1539-1599.