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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 39.djvu/205

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joie quand il considérait la beauté du séraphin, plein de tristesse lorsqu’il pensait à son supplice et à ses douleurs. Et il sortit de sa contemplation, ballotté entre la tristesse et la joie qui alternaient dans son âme. Or, tandis qu’il réfléchissait, avec inquiétude, à ce que cette vision signifiait, et qu’il s’angoissait à ne pouvoir la comprendre, les marques des clous commencèrent à se montrer (cœperunt apparere) sur ses pieds et sur ses mains[1]… » Au côté droit était une plaie qui semblait avoir été faite par un coup de lance.

Après ce récit, Thomas de Célano décrit les stigmates : « Ses mains et ses pieds étaient percés de clous dans le milieu ; les têtes des clous, rondes et noires, étaient en dedans des mains et au-dessus des pieds ; les pointes, un peu longues, paraissaient de l’autre côté, se recourbaient et surmontaient le reste de la chair dont elles sortaient. Le côté droit était comme percé d’une lance et le sang s’échappait souvent de la cicatrice[2]. »

Tel est le fait que rapporte, d’après des témoignages contemporains, le disciple de saint François qui fut son premier historien[3], et, si l’on veut le contrôler par un témoin oculaire, on peut se reporter soit à la note écrite par frère Léon sur un manuscrit autographe de saint François qui est conservé à Assise, soit à la lettre adressée le lendemain de sa mort à l’ordre des franciscains par frère Elie de Cortone : « Je vous annonce, disait-il, une grande joie et un miracle tout nouveau. Jamais le monde n’avait vu un signe pareil sinon dans le Fils de Dieu qui est le Christ Dieu. Car longtemps avant sa mort notre Frère et notre Père apparaît crucifié, ayant en son corps cinq plaies qui sont vraiment les stigmates du Christ, car ses mains et ses pieds portaient comme des clous en dessus et en dessous et formaient des sortes de cicatrices ; quant au côté, il était comme percé d’un coup de lance et souvent il en suintait un peu de sang. »


Véronique Giuliani[4]est presque aussi célèbre que saint

  1. Acta Sanctorum, octobre, t. II, p. 709.
  2. Id., ibid., p. 709.
  3. M. Paul Sabatier reconnaît que le récit de Thomas est trop précis pour ne pas faire songer à une leçon apprise par cœur, mais il ajoute que la nouveauté même du miracle dut amener les Franciscains à le fixer en une sorte de récit canonique et comme stéréotypé. Voyez toute sa discussion au sujet des stigmates, op. cit., p. 401 et suivantes.
  4. 1660-1727.