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fussent pris au sein des conseils municipaux et qu’on ne les maintînt pas lorsqu’ils ont perdu la majorité. Le vrai système d’élection est trouvé : c’est celui qui a été employé dans mon élection du Var. La sympathie, non l’appui du préfet et des maires. Si cela ne suffit pas, c’est que les maires et les préfets sont incapables, ou que le candidat est mal choisi. L’intervention gouvernementale active et directe ne se justifierait que dans les cas extrêmes où une candidature serait un appel à la sédition et à la guerre civile. Si la Chambre n’approuvait pas ce programme, le Ministère serait autorisé à faire un appel au pays par une dissolution. Je n’indique naturellement sur chaque matière que les traits principaux. Dans un programme il ne doit y avoir rien de plus.

« Votre Majesté ayant accepté ces idées, une note paraîtrait au Moniteur en ces termes : « Les ministres ont donné leur démission qui a été acceptée. M. Emile Ollivier a été appelé par l’Empereur et chargé par lui de former un ministère. » Muni de cette note et du programme, je me rendrais auprès des personnes auxquelles je serais autorisé à recourir, et leur dirais : L’Empereur m’a chargé de lui proposer un ministère pour la défense de ce programme. Le ministère constitué, les décrets de nomination paraîtraient au Moniteur dans la forme ordinaire. La date du 29 serait maintenue, pour la réunion des Chambres. Dans ces conditions, si Votre Majesté le désire, je suis prêt à accepter le ministère de la Justice et des Cultes. Si l’on n’avait pas commis l’irréparable faute de ne pas faire en 1869 les élections libres, ainsi que je l’ai conseillé en vain, je serais certain du succès. Aujourd’hui je ne puis que l’espérer, surtout si la Providence nous envoie quelques-unes de ces bonnes chances sans lesquelles les desseins les mieux combinés ne réussissent pas. Que Votre Majesté ne croie pas que je sois inspiré dans les avis que j’émets par une sotte infatuation personnelle. Je ne demande qu’à m’effacer, à me subordonner, et ce n’est que parce qu’on a fait appel à mon dévouement que je me suis cru autorisé à indiquer comment je crois pouvoir être utile. De toute autre manière, je serais impuissant, je perdrais le peu de valeur que j’ai, je me déconsidérerais. Je ne crois pas que l’Empereur eût lieu de s’applaudir d’un tel résultat. Avant de terminer, Sire, permettez-moi une observation générale : une certaine portion du pays ne redeviendra raisonnable que lorsque, rassasiée des