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la Chambre des députés de France ou de rendre chez nous la seconde Chambre héréditaire comme en Angleterre, ou bien mi-partie héréditaire et mi-partie nommée par le Souverain comme en Allemagne et en Autriche ; si, dans une autre direction on réclamait l’établissement en France du referendum populaire, comme en Suisse, la plus grande partie de notre personnel gouvernemental rejetterait avec hauteur ou comme surannées ou comme injustifiées ces propositions ; elle prétendrait qu’il n’y a pas d’analogie entre la France, d’une part, l’Angleterre, la Prusse, l’Autriche et même la Suisse, de l’autre.

Voilà bien la preuve que l’identité des institutions ne s’impose pas à tous les peuples. Pourquoi alors l’identité des impôts ? Il tombe sous le sens que la seconde dépendrait de la première : celle-ci serait à réaliser d’abord, et personne ne la réclame.

Ce n’est pas, en outre, pour tous les impôts que certains esprits, à la fois absolus et étourdis, prétendent réaliser l’identité chez tous les peuples, c’est à vraiment parler pour le seul impôt sur le revenu. Que l’on considère les impôts indirects par exemple, personne ne demande qu’ils soient identiques dans tous les pays. Sans parler des droits de douane qui sont très élevés et portent sur des quantités d’objets chez les nations à système protectionniste, comme la France, les Etats-Unis, l’Allemagne, et qui, au contraire, sont très bas et ne grèvent qu’un très petit nombre d’articles chez les peuples à tendances libre-échangistes, comme l’Angleterre, la Belgique, la Hollande, voici un impôt qui semblerait devoir comporter un régime uniforme dans tous les pays de notre, civilisation : c’est l’impôt sur le tabac ; or, rien n’est plus éloigné que cet impôt de l’uniformité ; il est excessivement faible et d’un très mince rendement en Allemagne ; il se trouve, au contraire, très élevé en Angleterre et en France ; mais en Angleterre, on le perçoit à la douane avec une interdiction absolue de la culture du tabac dans le pays ; en France, au contraire, la culture de cette plante est autorisée, quoique contrôlée, et la perception de l’impôt se fait par le monopole de la fabrication et de la vente ; rien n’est donc plus dissemblable que la pratique des différens peuples en ce qui concerne l’impôt sur le tabac. Il en est de même pour le sucre et pour l’alcool. L’Angleterre s’efforce de concentrer la production de l’alcool dans de grandes distilleries afin de taxer plus aisément et intégralement la matière imposable ; la France accorde,