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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 39.djvu/454

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REVUE MUSICALE


THEATRE DE L’OPERA-COMIQUE : Circé, poème lyrique eu trois actes ; paroles de M. Edmond Haraucourt, musique de MM. Paul et Lucien Hillemacher.


L’histoire de Circé, représentée sur le théâtre de l’Opéra-Comique, est à peu près la même que nous raconte Homère au dixième livre de l’Odyssée. « A peu près » seulement, et nous dirons pourquoi tout à l’heure.

Premier acte : devant « les solides demeures de Circé, bâties en pierres polies, sur un tertre élevé, » les compagnons du héros, couronnés de fleurs et s’abandonnant aux bras des compagnes de la déesse, « savourent l’abondance des mets et des vins délicieux. » Ils mènent en un mot la vie dont le vieux poète a choisi pour symbole la métamorphose que vous savez. Celle-ci d’ailleurs ne nous est pas montrée, et messieurs les choristes du Théâtre National de l’Opéra-Comique ne paraissent point devant nous « semblables à des porcs âgés de neuf ans. »

Ulysse survient. Il s’est juré de délivrer ses amis. L’herbe magique qu’il a reçue de Mercure doit le protéger lui-même contre les enchantemens. Sourd aux conseils du sage et rude Euryloque, il frappe aux « portes brillantes, » derrière lesquelles chante une mélodieuse voix. Circé paraît, l’invite, et tous les deux pénètrent dans le palais.

Acte second : l’herbe divine a sauvé le héros de la transformation physique, mais de celle-là seulement. Le voilà l’amant et l’esclave de la déesse. Euryloque en vain lui prodigue les reproches et va jusqu’à l’outrager. Le remords pourtant s’est glissé dans son âme et bientôt l’envahit, l’occupe tout entière. Il se souvient de Pénélope. Et voici que le souvenir se change en vision triste et pâle : Pénélope lui