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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 39.djvu/674

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difficultés à cet accroissement des droits de douane, mais la France est une nation généreuse et juste… » Puis l’Inspecteur général se fait apporter des dossiers, notamment celui d’un des derniers procès bulgares, l’affaire du docteur Kouchef, de Koumanovo ; il les feuillette avec le consul de France, lui montre les pièces originales que les Bulgares l’accusent de n’avoir jamais produites ; il se plaint de la manière dont les Bulgares dénaturent les faits pour apitoyer l’Europe. Il prépare une réponse au Livre rouge où les Bulgares ont relaté tous les attentats de l’année ; il y dira la vérité ; on verra que la plupart de ces crimes ont été commis par les bandes bulgares, grecques, serbes. Les Turcs y ont eu leur part : il faut le reconnaître loyalement ; mais le moyen qu’il en soit autrement quand, depuis trois ans, ce pays est en état de guerre, quand les soldats, appelés pour vingt-cinq jours, restent six mois au service, sans se battre, énervés par une besogne de police et de surveillance ; s’ils en trouvent l’occasion, ils frappent, mais ils sont moins cruels que les Bulgares ou les Grecs des bandes ; ceux-là sont terribles ! Comment leur donnerait-on satisfaction alors que le pays est en pleine insurrection ? Les réformes ne prouveront une amélioration réelle de la vie économique et sociale du pays, que quand les bandes auront cessé leur propagande armée et quand les gouvernemens voisins voudront bien ne plus les encourager. En attendant, le gouvernement ottoman fait son devoir et tient ses engagemens.

Cette justice, qu’il revendique pour son gouvernement, Hilmi Pacha a le droit de se la rendre à lui-même : son activité, sa puissance de travail, sa mémoire prodigieuse étonnent tous ceux qui l’approchent. De dix heures du matin jusqu’au milieu de la nuit, l’Inspecteur est à son bureau, recevant dépêches, rapports, visiteurs, lisant tout, annotant tout, prenant lui-même toutes les décisions. Le pouvoir des valis est presque annihilé ; ils ne sont plus que des agens de transmission et d’exécution : tout passe par les mains d’Hilmi Pacha. Il est, en Macédoine, le représentant direct de l’autorité du Sultan et responsable devant lui. Il a le droit de haute surveillance sur toutes les affaires civiles et financières ; il a le pouvoir, — et il en use, — de révoquer les fonctionnaires ; dès qu’un abus lui est signalé, une malversation dénoncée, il fait son enquête et, si le fonctionnaire est reconnu coupable, il est immédiatement destitué, mis en jugement. Si un immense labeur et une bonne