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tourna effectivement en sa faveur quelque temps après : les Autrichiens entrèrent à Prague dans les derniers jours de décembre 1742, après que la garnison française se fut vue dans l’obligation d’abandonner la ville.

La tournure favorable que prirent les affaires décida Khevenhüller à demander énergiquement qu’un corps d’armée entrât dans le Haut-Palatinat. Marie-Thérèse y consentit volontiers et on ouvrit les opérations en mai 1743. Il s’agissait de la réoccupation de la Bavière. Elle eut lieu dans le même mois, et Khevenhüller conclut, le 27 juin suivant, un traité à Nieder-Schfönenfeld avec le Bavarois comte Seckendorff, traité dans lequel on imposa à l’Electeur la neutralité et on décida l’occupation du pays par les Autrichiens.

Khevenhüller se rendit ensuite avec le prince Charles de Lorraine à Hanau, où l’on devait tomber d’accord avec les Anglais au sujet des opérations ultérieures. Cette fois, il était obligé de se contenter du rôle de conseiller. Il n’était nullement agréable. Ce fut en vain qu’il dissuada le prince de risquer un nouveau passage du Rhin, puisque déjà le premier n’avait pas réussi. Il eut plus de succès dans la question de l’hivernage des troupes : il l’assura à l’armée impériale. Il reprit alors le chemin de Vienne, pour y assister aux séances du conseil de guerre aulique dont il était le vice-président, et où il s’agissait d’arrêter le plan de la prochaine campagne. Au milieu de cette activité, Khevenhüller fut frappé d’une grave maladie, à laquelle il succomba le 26 janvier 1744.

En apprenant sa mort, Marie-Thérèse s’écria tout émue : « Je perds un fidèle serviteur et défenseur, que Dieu seul peut récompenser ! » Ses restes mortels reposent à côté de ceux de Rüdiger de Starhemberg, dans la Schotten-Kirche, conformément aux ordres de sa souveraine reconnaissante.


Plus longue encore et plus remplie a été la carrière de Jean-Joseph Khevenhüller, l’auteur des Mémoires. A la mort de Charles VI, il avait déjà rempli plusieurs missions diplomatiques importantes, et il représentait à Ratisbonne, dans la diète de l’Empire, le « Kur » de Bohême. Marie-Thérèse lui confirma d’abord ses pouvoirs, mais bientôt après le rappela à Vienne, et l’envoya enfin à la cour de Dresde, pour rétablir les anciennes relations entre l’Autriche et la Saxe, et préparer l’accomplissement de ce qui était son vœu le plus cher, l’attribution de la couronne impériale à son mari, François de Lorraine. Mais laissons la parole à l’érudit historien.