avantage pour soutenir leur thèse avec un regain d’énergie.
Le cabinet de Saint-Pétersbourg n’apprit pas sans déplaisir la résolution du gouvernement britannique. Nulle modification de son programme ne pouvait lui être plus désagréable que celle qui, en reprenant un sujet abandonné par lui, soulignait ses illusions de 1898 et son désenchantement de 1907. D’autre part, il lui suffisait de feuilleter les procès-verbaux de la première conférence pour se rendre un compte exact des dangers que présentait la proposition anglaise. Toutes les raisons qui, en 1899, avaient empêché l’entente de s’établir sur la réduction ou la limitation des armemens subsistaient. Beaucoup même estimaient qu’elles étaient devenues plus fortes. Ne devait-on pas craindre que cet amendement au programme modeste, d’ores et déjà accepté, n’écartât de la conférence telle ou telle grande puissance ? L’Allemagne, par exemple, ne refuserait-elle pas d’aller à La Haye, si l’on devait s’y occuper de la question des armemens ? Or, la retraite d’une puissance, c’était l’impossibilité de siéger, la conférence renvoyée aux calendes, un échec moral pour la Russie. Sans mettre les choses au pis et sans accepter comme probable cette éventualité possible, il était à redouter que la forme dans laquelle le débat s’engagerait ne prêtât à des controverses qui, loin de les servir, compromettraient les intérêts de la paix. Il fallait donc, ou bien déterminer l’Angleterre à renoncer à son projet, — et cela, à vrai dire, ne semblait point possible, — ou bien s’assurer que l’Allemagne, malgré ce projet, ne retirerait pas son adhésion : en tout cas, obtenir quelques indications précises sur les intentions des gouvernemens à l’égard du débat nouveau qu’on se proposait d’ouvrir. Sous ces diverses formes, le problème se ramenait pour la Russie à sauver la conférence en louvoyant parmi les écueils qui, tout à coup, la menaçaient.
C’est à cet objet que pourvut la mission confiée, au début de 1907, à M. de Martens, le jurisconsulte éminent, membre du conseil permanent du ministère des Affaires étrangères de Russie. M. de Martens se rendit successivement à Berlin, à Paris, à Londres, à La Haye, à Rome et à Vienne. L’ambassadeur des États-Unis en Allemagne, M. Charlemagne Tower, et le duc d’Arcos, ambassadeur d’Espagne en Italie, avaient reçu pleins pouvoirs pour négocier avec lui, son itinéraire ne lui permettant de se rendre ni à Washington, ni à Madrid. A Berlin, M. de Martens, comme il s’y attendait, trouva l’opinion gouvernementale