délibérer en commun sur les grandes questions commerciales dont la solution importe à la prospérité du pays. Elles sont très utilement complétées pour nos affaires extérieures par les Chambres de commerce françaises à l’étranger qui, peu à peu, se sont, dans les vingt dernières années, établies successivement dans une trentaine des villes principales du monde entier, en Europe, en Amérique et jusqu’en Australie. C’est là une institution des plus utiles.
Pour guider et renseigner notre commerce extérieur, nous avions bien, de temps immémorial, les consuls ; mais nous n’apprendrons rien à personne en rappelant que, jusque dans ces dernières années, ces fonctionnaires se considéraient presque exclusivement comme des agens politiques ou administratifs et traitaient assez mal les négocians qui troublaient leur quiétude. Nous montrerons tout à l’heure qu’il n’en est plus de même aujourd’hui, mais auparavant, pour rappeler l’esprit qui présidait sous l’Empire aux rapports entre l’administration et le public, je ne résiste pas au plaisir de relater un de mes souvenirs personnels. A la suite de la crise commerciale de 1867 et pour faire preuve de sollicitude envers les intérêts matériels du pays, le gouvernement impérial crut bon de constituer une commission chargée de rechercher les meilleurs moyens de développer notre commerce extérieur. La manière dont cette commission fut composée suffit à elle seule pour dépeindre le régime d’alors. On voulait bien consulter, mais on se réservait la majorité dans les votes. C’est ainsi que la commission fut composée de douze membres dont quatre fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères, quatre fonctionnaires du ministère du Commerce et seulement quatre membres pris parmi les négocians et les publicistes. Le raisonnement était simple : on écouterait les « pékins, » on adopterait celles de leurs propositions qui seraient anodines, mais on écarterait par 8 voix contre 4 toutes celles qui seraient le moins du monde subversives, pour ne pas dire réformatrices. On avait compté sans l’ardeur qui animait mes amis, Henri Fould, Paul Leroy-Beaulieu et, j’ose le dire, ma jeunesse d’alors et les convictions que je rapportais d’un récent voyage autour du monde. Dépités de voir nos meilleures idées repoussées par une majorité automatique, nous résolûmes d’avoir recours à un coup de Jarnac, et nous proposâmes le transfert des Consulats du ministère des Affaires étrangères au ministère