Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 39.djvu/902

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’appel était énergique, l’ouvrage documenté. Los pouvoirs publics s’émurent ; mais leur marche est lente autant que pondérée, et il fallut encore le lamentable spectacle des inondations de 1846 et de 1856 avant qu’on aboutit en 1800 à une première loi de préservation.

Dans l’intervalle, Monestier-Savignat, ingénieur en chef des ponts et chaussées à Clermont-Ferrand, avait établi en 1858, un vaste système de correction, des rivières torrentielles, depuis le fond des montagnes jusqu’aux mers, fait les plans et devis estimatifs de certains périmètres bien étudiés par lui, chiffré les dépenses pour l’aménagement complet du bassin de l’Allier ; puis, prenant pour base le prix ainsi obtenu par kilomètre carré, il avait évalué pour la France entière la dépense à plus de deux milliards[1].


I. — PREMIÈRE PÉRIODE : L’AMÉNAGEMENT AUX FRAIS DES PROPRIÉTAIRES

Le vote de la loi du 28 juillet 1860 sur le reboisement, complétée depuis par celle du 8 juin 1864 sur le gazonnement, marqua le début d’une première période.

Les périmètres de restauration étaient fixés par décret ; les travaux ainsi prescrits étaient mis à la charge des propriétaires avec le concours de subventions et, en cas de non-exécution par eux, l’Etat effectuait d’office ces travaux à leurs frais ; les propriétaires pouvaient d’ailleurs s’exonérer de toute répétition de ces frais en faisant abandon de la moitié du sol. L’Etat affectait au reboisement dix millions, dont cinq à provenir de la vente de forêts domaniales, et cinq millions au gazonnement.

On se souvient encore du concert de protestations soulevées chez les montagnards par la loi de 1860 ; et cependant cette loi procédait du même esprit que celles qui ont pleinement abouti pour la mise en valeur des Landes (loi du 19 juin 1857), de la Sologne et des Dombes, en réduisant comme elles les charges budgétaires par l’appel au concours des intéressés pour des opérations qui leur étaient profitables.

Mais, par suite de la distance et des difficultés de communication, les pays de montagne n’eurent pas, comme les Landes, la Sologne et les Dombes, la bonne fortune d’attirer les capitaux

  1. Monestier-Savignat, Études sur les phénomènes, l’aménagement et la législation des eaux au point de vue des inondations. Paris, 1858 (Dunod).