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des particuliers ou des sociétés, qui avaient puissamment participé à l’assainissement de ces régions. Le concours financier des communes, propriétaires de la majeure partie du sol, ne pouvait d’ailleurs être qu’illusoire dans la zone montagneuse, où bien des municipalités auraient à s’imposer pendant longtemps d’au moins cinq centimes extraordinaires pour gager un emprunt de mille francs.

Outre l’abstention des capitaux, qui fut la cause principale de son échec, la loi de 1860 rencontrait diverses difficultés de détail. Alors que chacune des lois régionales, étudiée avec le concours d’initiatives locales éclairées, d’après les conditions spéciales des périls à conjurer et de l’assiette de la propriété, répondait à un but précis, pouvait être facilement comprise par la population comme par ses représentans, et se trouvait secondée dès le début par l’exemple de ses promoteurs, la loi sur le reboisement des montagnes ne rencontra nulle part un milieu préparé pour l’exécuter. Embrassant dans le même texte, applicable partout et à tous, des régions, des populations et des situations économiques d’une très grande diversité, elle ne se trouvait en harmonie avec aucune. L’opinion publique n’était pas encore fixée sur l’utilité des forêts pour la fertilité des pelouses ; enfin la loi sur le gazonnement s’est fait attendre pendant quatre ans, alors que l’amélioration pastorale est le préliminaire obligatoire du reboisement.

Les capitaux ne répondant pas à l’appel, il fallut chercher autre chose.


II. — SECONDE PÉRIODE : RESTAURATION AUX FRAIS DE L’ÉTAT

La loi du 4 avril 1882 augmenta les charges de l’Etat, supprima les charges imposées aux communes et divisa les travaux en deux catégories.

Prenant exclusivement à sa charge les « travaux de restauration rendus nécessaires par la dégradation du sol et des dangers nés et actuels, » que des lois d’utilité publique classaient après enquête comme obligatoires, acquérant par expropriation ou de gré à gré les territoires compris dans les périmètres ainsi classés, l’Etat se ménageait la possibilité d’intervenir directement et énergiquement dans les situations critiques. Partout ailleurs, là où les mesures de préservation paraissaient suffisantes,