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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 39.djvu/913

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l’industrie pastorale et donne une excellente formule pratique en dehors des terrains dont la configuration assigne le reboisement aux pentes sur lesquelles l’herbe ne suffit pas à maintenir la terre. Ce travail est complété par la construction de barrages pour prévenir la formation des torrens, et nul exemple n’est plus digne d’éloges.

De divers côtés enfin des propriétaires travaillent au reboisement et il convient de citer les résultats obtenus dans la Champagne crayeuse, dite la Champagne pouilleuse, où l’initiative des particuliers a créé plus de 15 000 hectares de bois[1].


VI. — L’ORIENTATION DES CAPITAUX

Les initiatives privées, dont nous venons de citer quelques exemples, ont principalement pour objet d’ouvrir la voie aux capitaux, dont l’emploi en reboisemens serait des plus rémunérateurs, car il résulte des calculs de forestiers expérimentés que les sommes affectées au reboisement peuvent être dans la plupart des circonstances décuplées en moins de cinquante ans[2]. On a cité le curieux exemple d’un particulier qui, après avoir acheté des pentes incultes dans les Pyrénées pour une vingtaine de mille francs et avoir, pour se distraire, dépensé moins de 10 000 francs en semis et plantations, laissait, quarante-cinq ans après, à ses héritiers stupéfaits une propriété magnifique, contenant pour 270 000 francs de bois !

Si fructueux cependant que puisse être le placement des fonds en reboisemens, on ne doit pas se dissimuler que leur longue immobilisation n’est pas toujours faite pour tenter les particuliers et que ce genre d’opération est plus facilement praticable pour les collectivités possédant des réserves disponibles. L’effort nécessaire est énorme, dira-t-on, les résultats se feront bien longtemps attendre ; ce n’est pas un motif pour se décourager. Il faut orienter vers le reboisement tous les capitaux applicables à des opérations à long terme. La question du reboisement est en effet une question de salut public et l’on ne peut en

  1. L. Pardé, le Reboisement dans le département de l’Aube. Revue des Eaux et Forêts, 1er avril 1907.
  2. E. Cardot, la Mise en valeur des terres incultes. Revue des Eaux et Forêts, 1903-1904. Volmerange, la Mise en valeur des bruyères par le Reboisement. Aurillac, 1904.