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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 39.djvu/959

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actuel et aux ministres futurs des libérations anticipées ou des congés pour les hommes appartenant aux deux classes qui formeront désormais tout l’effectif de notre armée. L’esprit parlementaire ne changera pas, les exigences électorales demeureront les mêmes, il y aura toujours des travaux champêtres qui auront besoin de beaucoup de bras pendant l’été, il y aura aussi des situations de famille très dignes d’intérêt : il est à craindre qu’à toutes ces causes de dissolution militaire le gouvernement n’oppose pas plus de résistance dans l’avenir qu’il ne l’a fait ces derniers jours. A propos de cette discussion, une question d’un intérêt plus grave a été adressée par M. Ribot à M. le ministre de la Guerre, à savoir quel est l’état des engagemens prévus par la loi de 1905. Deux classes sous les drapeaux ne constituent pas un effectif suffisant, surtout pour l’entretien de certaines armes et notamment pour celui de la cavalerie, car il faut plus de deux ans pour former un cavalier. De plus, il arrivera une fois par an, au moment de la libération d’une classe et avant l’incorporation d’une autre, et aussi pendant les premiers mois après cette incorporation, que nos escadrons manqueront, soit en quantité, soit en qualité, des hommes nécessaires au service. Mais si le mal est particulièrement sensible dans la cavalerie, il l’est aussi ailleurs, il l’est partout, bien qu’à un moindre degré. Tous les ans, à la même date, la classe qui aura terminé sa seconde année de service quittera l’armée active : il y restera une classe qui n’aura fait qu’un an et une autre qui n’aura encore rien fait du tout. Pendant plusieurs mois notre situation militaire sera extrêmement faible : elle ne pourra être relevée que par la présence sous les drapeaux d’un certain nombre de rengagés, que la loi de 1905 a fixés au nombre de 63 000, comprenant 30 700 sous-officiers, 23 000 caporaux et brigadiers et environ 10 000 soldats. Où sont-ils ? a demandé M. Ribot. L’Allemagne ayant comme nous le service de deux ans, son armée est momentanément sujette aux mêmes causes de faiblesse que la nôtre ; mais elle a très effectivement 80 000 rengagés et, en cas d’insuffisance, l’Empereur peut toujours rappeler sous les drapeaux des hommes de la classe congédiée. Au lieu de 80 000 rengagés qu’a l’Allemagne, nous ne devons en avoir que 63 000 : les avons-nous ?

Non, malheureusement. La situation est bonne en ce qui concerne les sous-officiers, et c’est quelque chose : nous en avons 30 000 rengagés. Il n’en est ainsi, ni pour les caporaux et les brigadiers, ni pour les simples soldats. Pour les premiers, la loi de 1905 en avait prévu 23 000, qui ont été réduits à 11 500 par une loi ultérieure : c’est