les radicaux insurgés sont des amis. » Survinrent, en file menaçante, cinq cents soldats en rupture de ban, tout prêts à piller. « Nous dormirions plus tranquilles, riposta l’interlocuteur, si c’étaient cinq cents Jésuites. » Le mot de cet homme correct traduisait avec une bourgeoise franchise les dispositions gouvernementales de l’époque ; le général commandant de Breslau, à qui l’on demandait licence de tenir un congrès catholique, parlait comme le fonctionnaire badois. Naturellement, aussi, les évêques, pour désarmer les dernières suspicions de la puissance civile, s’empressaient de faire valoir la fidélité qu’avaient témoignée, durant les troubles, prêtres et fidèles. Geissel, l’archevêque de Cologne, excellait à évoquer ce souvenir : il y insistait dans une lettre à Frédéric-Guillaume IV ; il expliquait au roi de Hanovre, jadis hostile à l’émancipation des catholiques anglais, que les sièges épiscopaux sont toujours une garantie pour le bon ordre. « Actuellement, observait le chanoine Trost au ministre prussien Manteuffel, l’Eglise a presque moins besoin des évêques que n’en a besoin l’Etat. » A Mayence, à Rome, les propos du nouvel évêque Ketteler, ceux du cardinal Antonelli, donnaient la même note. Le roi de Prusse en personne pouvait être invoqué comme témoin : passant à Paderborn, en 1851, il félicitait l’évêque pour le bon esprit de son peuple, et puis tournait le dos au surintendant de l’Eglise évangélique, en lui jetant une remontrance sur les mauvaises têtes de ses ouailles, qui méritaient une correction. La Civiltà cattolica, que dirigeaient les Jésuites de Rome, racontait complaisamment l’incident. « On a compris à Berlin, disait-elle, que permettre les journaux radicaux était un mal et que prohiber les missions était prohiber un bien ; aussi a-t-on supprimé ces journaux et a-t-on favorisé les missions. » Le livre du catholique baron d’Andlau sur les émeutes badoises, et les nombreux sermons prêches dans toute l’Allemagne, s’attachaient à établir un lien de filiation entre l’incroyance et les idées de révolte.
Certains protestans allaient plus loin : ils s’en prenaient à la Réforme elle-même, la condamnaient sans appel, comme la devancière de la Révolution, et passaient à l’obédience de Rome ; ce fut le cas, en 1852, pour deux officiers prussiens dont la conversion fit du bruit, Rochus de Rochow et Traugott de Pfeil. A peine remise des chaudes alertes de 1848, l’Allemagne acclamait le catholicisme comme le soutien constant et fidèle de la