Les événemens se sont précipités dans le Midi, comme il fallait s’y attendre étant donné l’état de tension où les esprits étaient montés. Ce n’est pas sans inquiétude, on le sait, que nous avons suivi le développement des immenses manifestations dont le comité d’Argeliers a donné le signal. Nous avons signalé dès le premier jour le danger qu’il y avait à mettre en mouvement des foules aussi nombreuses, pour les conduire à une déception inévitable. Tout a bien commencé : tout commence bien en général dans ces sortes de choses, mais il est rare que tout ne finisse pas mal. Les illusions du comité d’Argeliers sont peut-être excusables ; mais que dire de l’imprévoyance du gouvernement ? Il était plus instruit, mieux renseigné, plus éclairé : il aurait dû prévoir, il n’a rien prévu.
Les auteurs du mouvement entendaient lui conserver jusqu’au bout un caractère pacifique : ils y auraient réussi peut-être si les pouvoirs publics avaient docilement cédé à toutes leurs injonctions ; mais était-ce possible ? Non, certes. Dès lors, il fallait regarder ce qu’il y avait dans les menaces des meneurs, et il était facile d’en discerner dès le début le caractère illégal et révolutionnaire. On n’y parlait que de la grève de l’impôt et de la démission en masse des municipalités, le tout à l’échéance immuable du 10 juin. Qu’a fait le gouvernement ? Nous ne lui reprochons pas de n’avoir pas empêché les manifestations : elles étaient légales dans la forme et n’étaient accompagnées d’aucun désordre. Mais elles visaient conditionnellement à la violation des lois, et, comme la condition qu’elles imposaient ne pouvait pas être remplie, le gouvernement aurait dû le faire entendre tout de suite par un avertissement clair et net. Loin de là, il a paru encourager, favoriser même les manifestations. Il a laissé ou fait