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Le gouvernement fédéral a mis les faits sous les yeux des États intéressés, laissant chacun en tirer les conclusions qu’ils comportent.


V

Comme les « Eaux, » les « Forêts, » dont nous confions en France le soin aux mêmes agens publics, parce que les unes et les autres sont intimement associées, étaient restées en Amérique abandonnées depuis l’origine aux fantaisies locales et même individuelles. Elles sont tout récemment entrées dans une nouvelle phase. Le travail pratique de sylviculture, commencé il y a quelques années, n’est devenu une organisation publique, chargée des réserves nationales, que depuis le 1er février 1905.

En juillet 1898, le service des forêts se composait de 11 personnes, dont G commis subalternes. Des 6 autres, formant l’état-major dirigeant, 2 seulement possédaient des connaissances professionnelles. Leur travail, purement bureaucratique, n’avait rien de sylvestre. Aujourd’hui, cette administration comprend 821 employés, dont 153 sont des forestiers éprouvés, chargés en 27 États ou territoires d’exécuter le travail technique et d’assister les propriétaires de bois qui se sont mis bénévolement à leur école. Depuis un an, l’Office de Washington a expédié 62 000 lettres en réponse à des demandes de renseignemens et de conseils qui ne pouvaient être donnés par des notices imprimées.

Le contraste est saisissant dans un pays où il n’existait, hier, ni science forestière, ni professeur qui pût l’enseigner. Le besoin pourtant en était urgent ; une crise dangereuse était à prévoir. Les gens perspicaces, — parmi lesquels beaucoup de négocians en bois, — annonçaient la destruction prochaine des forêts. L’industrie vitale de la charpente allait à une ruine inévitable si l’on attendait, pour songer aux coupes futures, que la disette de marchandise eût provoqué la hausse extrême des prix. Lorsqu’on se serait alors décidé à les aménager, les forêts auraient à peu près disparu.

Bois de brin ou de recépage, c’était, parmi les possesseurs, à qui vendrait le plus vite, et les acheteurs de coupes, talonnés par la concurrence, devaient nettoyer le sol avec la même rapidité