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Ils ont recours parfois au cactus, que ses épines semblent défendre de l’approche du bétail. Mais, moyennant une dépense de 12 francs par jour, — représentant 36 litres de gazoline, — un valet de ferme brûle sur pied les extrémités épineuses d’environ 4 500 kilos de cette plante sauvage qui, ainsi mise hors d’état de nuire, est absorbée avec avidité par les animaux. Ceux-ci, comme le cactus contient 75 p. 400 de son poids en eau, trouvent à satisfaire leur soif en même temps que leur faim, et peuvent aller ainsi fort loin chercher leur nourriture.

Un des faits récens du mouvement agricole aux États-Unis, c’est la résurrection ou, si l’on veut, la renaissance du Sud. Les États du Sud, que leur climat avait doté de monopoles naturels, les plus riches de l’Union au début du XIXe siècle, lorsque les produits manufacturés de la Virginie, des deux Carolines et de la Géorgie dépassaient en importance ceux de toute la Nouvelle-Angleterre (1810), s’endormirent ensuite dans leur coton. La présence des noirs écarta l’immigration qui fuyait la concurrence de la main-d’œuvre esclave ; la guerre civile les ruina, et ils demeurèrent, jusqu’à ces dernières années, délaissés par les capitaux et les hommes, frappés d’une sorte de paralysie.

Ils viennent d’en sortir et l’on constata, comme une découverte, qu’ils possédaient des trésors en mines de charbon, de fer, de pétrole, en forces hydrauliques aussi qui, dans un rayon de 100 kilomètres autour de Charlottes, en Virginie, représentent plus d’un million de chevaux-vapeur.

Depuis la guerre de Sécession jusque vers 1896, la récolte du coton avait quadruplé d’importance, de 2 millions et demi à 10 millions de balles par an ; seulement les prix s’étaient abaissés parallèlement des trois quarts : de 1 fr. 20 à 0 fr. 30 la livre. Durant la dernière décade la quantité a peu varié, mais le prix a doublé. Il en est résulté un supplément de recettes de 1 500 millions par an. Ce profit spontané a été plus que doublé par l’activité nouvelle du pays ; par le travail des usines qui tirent maintenant de ce coton pour 500 millions d’huile et pour 1 milliard de fils et de tissus ; par le développement des chemins de fer qui ont permis d’exporter pour 500 millions de divers produits du sol, naguère sans valeur, faute de marchés et de moyens de transport.

Que le Sud des États-Unis ait sur le reste du globe une supériorité aussi écrasante pour la production de cette matière de