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première nécessité qu’est le coton, c’est un fait qui doit au premier abord paraître singulier, puisque cette culture n’y est pas proprement indigène ; tandis que, des contrées tropicales d’où le coton est originaire, il ne sort qu’un stock insignifiant. L’explication, généralement admise, de cette anomalie est que, dans sa région d’origine, les insectes ennemis du coton survivent en hiver et dévorent la plante quand elle pousse ; au lieu que, dans le territoire cotonnier des États-Unis, les hivers sont assez froids pour tuer les insectes — les bugs, — et les étés, y compris de chauds printemps, assez longs pour permettre au coton de pousser. Quoi qu’il en soit, sur le marché mondial, les États-Unis fournissent présentement les trois quarts du coton exporté.

Mais ils ne se reposent pas sur leur succès ; ils s’appliquent à améliorer leur marchandise, à obtenir par exemple les fibres extra-fines dont l’Egypte a le privilège. Ils n’y ont réussi que partiellement jusqu’ici, parce que le rendement de cette espèce est médiocre. Le problème en effet est de s’assurer de variétés aussi productives que les brins ordinaires d’entrepôt, mais donnant une filasse meilleure et plus longue. En hybridant les échantillons du Sea Island, les plus renommés de l’Amérique, ils sont arrivés ces derniers temps à créer trois types nouveaux, à filasse soyeuse de 37 millimètres, plus longue de moitié que les qualités communes, sans être moins abondante comme récolte.

Ils agissent de même pour le tabac, dont ils sont aussi les plus grands exportateurs. Bien que le cigare de « la Havane » tienne le premier rang dans l’estime des fumeurs, chacun sait que l’île de Cuba n’est souvent pour lui qu’une patrie d’adoption : comme la province de « Champagne » pour les vins mousseux qui en portent le nom et dont plusieurs viennent seulement, ainsi que naguère Clovis, se faire baptiser à Reims.

Le tabac vient parfois se faire naturaliser à la Havane ou s’y marier avec diverses feuilles exotiques. Parfois aussi il s’en dispense, sans que pour cela ses mérites soient inférieurs à ceux du natif des Antilles. L’île de Cuba ne produit d’ailleurs que fort peu de tabac ; il n’en sort que 14 millions de kilos par an, moitié plus que des Iles Philippines (9 millions), mais deux fois moins que du Brésil et deux fois et demie moins que des îles de Java et Sumatras (35 millions de kilos).

Les États-Unis au contraire en produisent 330 millions de kilos et en exportent 180 millions par an. Depuis le commencement