mauvaise volonté du gouvernement turc à trouver les recrues nécessaires. Quoi qu’il en soit, les zaptiés d’aujourd’hui, habillés d’uniformes neufs, payés plus régulièrement, surveillés par les officiers européens, instruits dans les écoles, ne méritent plus qu’exceptionnellement de partager la réputation légendaire qu’Edmond About avait faite aux gendarmes grecs ; et l’on est obligé de constater comme un grand progrès, — tant il est vrai que tout est relatif ! — qu’ils ne pillent plus que rarement eux-mêmes ; l’on cite même des occasions où on les a vus s’opposer aux violences des soldats. Mais la gendarmerie, depuis qu’on la paie, coûte très cher. Il y a en Macédoine, au moins sur le papier, 7 000 gendarmes répartis en trois régimens (un par vilayet, un bataillon par sandjak, une ou deux compagnies par caza) ; ils ont coûté, en 1905, 238 000 livres turques.
Nous avons expliqué ici, en citant une lettre de M. Constans, comment les officiers, délégués par les grandes puissances, ne sont, chacun dans leur zone, subordonnés à l’autorité du général Degiorgis Pacha que dans les limites de leur activité technique pour la réorganisation de la gendarmerie, et comment ils ont, en outre, une mission politique de surveillance et de contrôle pour laquelle ils ne relèvent que de leurs ambassades à Constantinople ; ce droit d’intervention et d’enquête, qu’ils exerçaient déjà en fait, leur a été officiellement reconnu au cours de la récente négociation relative à l’augmentation de 3 pour 100 des droits de douane. Nous croyons pouvoir dire, sans chauvinisme, que la délégation française, dirigée par le colonel Vérand, est parmi celles qui ont le mieux réussi. Il est dans la nature du Français, partout où il se trouve, d’aimer à être aimé ; ce sentiment, qui est parfaitement étranger, par exemple, à l’Anglais, nous est instinctif : nos officiers, répartis dans les principaux centres du sandjak de Sérès, ont pris à cœur leur œuvre pacificatrice et humaine, et ils ont bientôt gagné la confiance des populations tranquilles. On s’est habitué à les considérer comme le refuge de toutes les misères, l’asile de tous les persécutés. La nature, 1J l’influence que la France exerce en Orient, le rôle désintéressé qu’elle y a si souvent joué, mettaient nos officiers à l’abri des défiances qui devaient forcément, même sans qu’ils fissent rien pour les justifier, peser sur ceux qui représentent des puissances plus voisines de l’Empire ottoman et qui peuvent y avoir des ambitions territoriales. Les officiers européens n’ont