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Constantinoff, ancien officier bulgare, a été tué en juillet dans une rencontre avec une bande serbe, en même temps que deux autres chefs. Vassili, voïvode de la bande qui tenait la campagne entre le Vardar et la frontière bulgare, a été blessé par les Turcs. Christo Boulgariata, voïvode de Kotchana, a péri dans un combat. Enfin, le 23 décembre, le plus populaire et le plus énergique des chefs, Damian Groueff, l’un des fondateurs de l’« Organisation intérieure, » dont il présidait le comité central, a été tué dans une rencontre avec les soldats turcs près du village de Roussine (caza d’Osmanié). Sa mort a été un coup sensible pour les Bulgares. Dans le sandjak de Kossovo, les bandes de Kratovo et d’Egripalanka restent seules intactes : les comités n’arrivent plus à trouver des remplaçans pour les chefs disparus. Dans les autres parties de la Macédoine, l’organisation bulgare a également beaucoup souffert. Les Turcs ont trouvé sur des morts ou des prisonniers des listes des principaux propagandistes de la cause bulgare et ils en ont profité pour organiser contre eux une véritable terreur policière et judiciaire. Dans le Nord, les bandes serbes ont redoublé d’activité, et il paraît certain que, notamment dans la région d’Uskub, elles ont ramené au patriarchisme serbe un certain nombre de villages exarchistes. Les paysans s’affranchissent de la domination des comités : tel village, qui naguère ne voulait à aucun prix loger un poste de gendarmes, aujourd’hui le demande. Dans les vilayets de Monastir et de Salonique, ce sont les bandes grecques qui ont, en ces derniers mois, accompli les plus sinistres exploits ; elles ont pénétré jusque dans la région de Sérès et de Drama, attaquant les villages sans défense et se livrant à d’affreux massacres. On peut affirmer, sans injustice, que les autorités ottomanes ferment volontiers les yeux sur le passage des bandes grecques tandis qu’elles poursuivent sans merci les Comitadjis bulgares. C’est la méthode des Turcs de soutenir les minorités ; ils sont bien disposés pour la propagande grecque dans les parties de la Macédoine où il n’y a pas de Grecs ; là où ils sont nombreux, les Turcs favorisent les Valaques ; ils protègent les Serbes dans les pays bulgares, mais au-delà du Char, en Vieille-Serbie, ils les laissent massacrer par les Albanais. Le gouvernement ne redoute ni les Serbes, ni surtout les Grecs dont il a eu si facilement raison en 1897 ; mais il craint les Bulgares qui ont une excellente et nombreuse armée et à qui vont, quoi qu’on en