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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 40.djvu/364

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puisse dire, les sympathies de la plus grande partie de la population chrétienne de Macédoine. Il est tout naturel qu’ils cherchent avant tout à détruire l’ « Organisation » bulgare qui tient tout le pays et qui seule est en mesure d’y provoquer une insurrection. Comment croire que les Turcs, qui ont pu enrayer la formidable insurrection de 1903 et qui ont en Macédoine des forces militaires considérables, ne réussiraient pas, s’ils le voulaient énergiquement, à atteindre les bandes grecques et à les détruire ?

Il est parfois dangereux d’être habile ! Les Turcs auraient tout bénéfice à jouer un pareil jeu s’ils ne se trouvaient en présence de l’Europe, pour qui la prolongation des troubles et les plaintes des populations sont un motif de réclamer des réformes nouvelles et de substituer peu à peu son action à celle de la Porte. La pacification désarmerait les puissances, elle leur ôterait leur meilleur argument pour imposer le maintien des agens civils, des conseillers financiers et des officiers européens. La continuation des massacres oblige, au contraire, à se demander si ce sont les autorités turques qui n’apportent pas à l’œuvre de la pacification toute la bonne volonté souhaitable, ou si leur bonne volonté est inefficace parce qu’elles manquent de moyens pour assurer l’exécution de leurs instructions : l’une ou l’autre hypothèse serait également fâcheuse pour le régime ottoman et paraîtrait donner raison à ceux qui pensent qu’aucune réforme n’est praticable en Turquie.

La prolongation de l’insécurité et des massacres est d’autant plus déplorable que les populations ne demandent qu’à vivre en paix et à travailler, et que les étrangers attendent le moment de faire des affaires et du commerce en Macédoine. Il suffit pour s’en convaincre de jeter un coup d’œil sur quelques chiffres statistiques.

Le tonnage total du trafic du port de Salonique était, en l’an 1316 de l’hégire (1900), de 691 480 tonnes : il a été en 1321 (1905) de 938 573 tonnes. Le trafic total de Salonique valait :


Exportations Importations
En 1316 (1900) 1 007 832 livres turques 2 452 180 livres turques
En 1321 (1905) 1737 394 — 3 528 951 —

Le rendement des douanes de Salonique passait dans le même temps de 197 827 livres turques à 279 507.