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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 40.djvu/430

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Auprès des fontaines claires,
Les oliviers séculaires
Attirent mes yeux charmés ;
Dès que leur ombre m’effleure,
Je songe aux jours que je pleure,
Aux lieux que j’ai tant aimés.

La source qui jaillit d’un marbre vert de mousse
Epanche sa fraîcheur dans mon âme ; il fait beau ;
Le chant des flots me berce, et la lumière est douce
Qui danse aux vents légers sur les feuilles et l’eau.

Escaladant les portiques,
La vigne aux piliers antiques
Balance ses grappes d’or ;
Comme elle m’est familière,
La maison qui sous le lierre
Et sous les pampres s’endort !

J’avais une demeure à celle-ci pareille,
Un merveilleux jardin dominant l’horizon ;
Je ne m’assiérai plus à l’ombre de ma treille,
Je ne reviendrai plus jamais dans ma maison.

Lorsque le soleil s’incline,
Je ne puis sur la colline
Suivre le chemin connu
Qui gravit la pente et mène
Par les vergers au domaine
Où j’étais le bienvenu.

Je ne retrouverais plus rien que des ruines ;
La guerre et le malheur m’ont exilé des lieux
Où j’ai grandi parmi des visions divines,
Où dans les bois sacrés me souriaient les cieux.

Près des sources profanées,
Rameaux morts, feuilles fanées,
Gisent les arbres amis
Qui, naturelle défense,
Ont protégé mon enfance
Comme des géans soumis.