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SAINT-MAIXENT MARITIME

En marine comme ailleurs, plus peut-être que partout ailleurs, le coefficient personnel exerce une influence prépondérante. Un matériel excellent, mis en œuvre par des équipages inexpérimentés, ne saurait résister à un matériel médiocre, manœuvré par d’habiles capitaines, des pointeurs émérites et des mécaniciens entraînés. Les batailles navales fournissent de nombreux exemples de cet aphorisme, devenu presque un lieu commun.

M. Lockroy l’a dit en excellens termes : « Quels que soient les progrès de la science et de l’industrie, quelle que soit la puissance des engins qu’on invente, c’est toujours l’homme qui restera le facteur principal de la victoire. Sans son héroïsme et son sang-froid, les ravages des obus, l’éclatement des torpilles ne sont rien. »

Pourtant, les programmes navals successifs restent à peu près muets au sujet de ce facteur principal. A la Chambre, les orateurs exécutent des variations sur des thèmes immuables : cuirassés, croiseurs, sous-marins, artillerie, cuirasses, torpilles, turbines, points d’appui de la flotte, travaux des ports. Quant au personnel, chargé d’utiliser le matériel et d’en tirer un rendement maximum, on dirait qu’il n’existe point, tant on en parle peu. On fait autour de lui la conspiration du silence. A peine si, de loin en loin, éclate à la tribune, en sa faveur, quelque pétard attardé. Cette année, une seule préoccupation dominait le Parlement : voter les articles à la vapeur.

La discussion de l’avant-dernier budget de la Marine a motivé de fort beaux discours ; mais, une fois de plus, la lutte oratoire s’est à peu près cantonnée dans les questions relatives au matériel.

Toutefois, l’amiral Bienaimé, avec sa vigueur et sa précision habituelles, a dénoncé l’erreur éternelle que commet la Marine en