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intéressante que j’ai reçue de vous, peu après mon arrivée à Paris. Elle me prouve de plus en plus, ce que j’avais toujours cru, que la carrière dans laquelle vous avez été jeté un peu par hasard vous convient plus qu’aucune autre et qu’elle forme le théâtre sur lequel vous êtes appelé par la nature à vous distinguer le plus. Je voudrais seulement que vous eussiez à jouer votre rôle autre part qu’à Berne, puisque le climat de Berne ne convient pas à Mme de Gobineau. Vous aurez de la peine, sous d’autres rapports, à trouver mieux, soit au point de vue pécuniaire, soit même à celui des affaires dont un secrétaire d’ambassade peut avoir à s’occuper. Mais la raison de santé domine tout, et je me joindrais volontiers à vos amis pour hâter le moment de votre changement, si je me croyais quelque influence sur le ministre ; mais, en vérité, je ne m’en flatte pas. Je ne puis donc que vous réserver mon zèle pour le premier moment où il pourra s’exercer. Vous avez, du reste, dans M. de Baroche un ami sur le dévouement duquel vous pouvez compter.

Je vous écris de Versailles où je suis venu m’établir. Désespérant d’avoir cette année des vacances assez longues pour pouvoir me rendre à Tocqueville et ne voulant pas essuyer les chaleurs de Paris, j’ai pris le parti de louer une petite maison située dans un grand parc qu’occupe Rivet dans la banlieue de Versailles. Je suis établi là depuis une dizaine de jours ; tous les matins je pars pour ma boutique et le soir je reviens au logis. Cette vie mêlée de travail d’esprit et d’agitation de corps me convient beaucoup jusqu’à présent et je me porte mieux que je ne l’ai fait depuis trois mois. C’est ici qu’il faut me répondre.

Vous n’avez pas oublié sans doute votre ancien collaborateur Chateaubriand ; voilà deux ans que ce jeune homme travaille au Ministère. Ce temps est assez long pour justifier complètement la faveur qu’on lui ferait de le nommer attaché payé, quand une vacance se présentera. Vous savez comme moi qu’on n’est réellement dans la carrière diplomatique que le jour où on a ce grade. Jusque-là on ne vous a accordé qu’une prétention et non un droit. J’aime le jeune homme et je suis surtout très attaché à ses parens. J’attacherais donc un prix particulier et je tiendrais infiniment à ce qu’il pût parvenir le plus tôt possible au grade qui fixera son avenir. Je désirerais que vous voulussiez bien écrire dans ce sens à de Serre qui, placé comme il l’est, peut beaucoup en pareille matière. Je vous prie de lui dire qu’après ce qui peut être