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toujours sur ses pattes. Mieux encore, le lapin, le chien, d’autres animaux présentent la même particularité.

Le théorème des aires est-il donc faux en lui-même ? Les raisonnemens serrés qui ont conduit à la formule dont il n’est que la traduction en langage courant seraient-ils erronés ? Tous ceux qui, par expérience, savent combien est parfois délicate l’interprétation de la plus simple formule algébrique, ne s’y trompèrent pas un seul instant. Et, en effet, « s’il est manifestement certain qu’un système de forme invariable, soumis uniquement à ses actions mutuelles et à la pesanteur, ne peut s’imprimer à lui-même aucune rotation autour d’un axe horizontal passant par son centre de gravité, il n’en est pas de même, si la forme est variable et qu’on exige seulement que la forme finale soit la même que la forme initiale, avec une orientation différente. » Soyons justes : les mathématiciens qui assistaient à la communication de M. Marey eurent bientôt fait de reconnaître l’erreur commise ; étudié à nouveau, le théorème des aires fut rapidement débarrassé de l’énoncé malencontreux qui en faussait le sens. La semaine qui suivit la communication de M. Marey, on put assister, en pleine séance de l’Académie, au spectacle, un peu inattendu, il faut l’avouer, d’un appareil purement mécanique, mais déformable, se comportant à peu près comme un chat. Bien mieux, un de nos plus éminens mathématiciens, reprenant la question ab ovo, démontrait qu’un homme placé verticalement et tombant dans le vide, pourrait pivoter autour d’un axe vertical passant par son centre de gravité, tout comme le chat pivote autour d’un axe horizontal.

Comment la science est arrivée à pouvoir étudier à fond des mouvemens aussi rapides et aussi complexes que ceux dont nous venons de parler ; comment, en se cantonnant d’abord sur le terrain de l’analyse et de la synthèse des mouvemens, elle a fini par nous doter des procédés qui nous permettent, aujourd’hui, de représenter la vie dans presque toute son intégrité, c’est ce qu’il nous a paru intéressant de mettre en lumière dans ces quelques pages.


I

De tous les phénomènes qui accompagnent la vie, ce mot étant pris dans son acception la plus générale, le mouvement