Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 40.djvu/596

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA
REPRÉSENTATION DU MOUVEMENT
ET DE LA VIE

Les chats retombent-ils toujours sur leurs pattes ? L’instinct populaire avait carrément résolu cette question, depuis des siècles, dans le sens de l’affirmative, mais la grande majorité des savans s’était prononcée en sens contraire, et, certes, l’Académie des sciences de Paris n’eût, sans doute, jamais daigné s’occuper d’un tel problème, si celui-ci n’eût été posé, de nouveau, par un de ses membres les plus vénérés, M. J. Marey, dans une séance de la fin d’octobre 1894. N’existait-il pas, en effet, un théorème de mécanique rationnelle, dit « théorème des aires, » qui permettait d’infirmer victorieusement le dicton populaire ? N’était-il pas évident, d’après ce théorème, que, comme l’a spirituellement dit M. E. Gautier, un chat abandonné à lui-même sans vitesse initiale, les pattes en l’air, n’a pas le droit, à moins de commettre un crime de lèse-mathématiques, de se retourner dans l’espace sans prendre appui sur un support solide ? Dès lors, aucun doute n’était possible, les chats ne retombent pas toujours sur leurs pattes. Et cependant, comme M. Marey le démontra à ses confrères, en mettant sous leurs yeux une curieuse série de photographies instantanées représentant à des intervalles de quelques centièmes de seconde les phases successives de la culbute d’un chat, cet animal, on est bien obligé de le reconnaître, retombe