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été parlé tout à l’heure, que, pendant les périodes de mouvement du film, c’est-à-dire pendant le temps que met une image pour succéder à une autre, l’objectif soit masqué : dans le cas, par exemple, de 15 images à la seconde, il devra l’être pendant l/45e de seconde, au plus. C’est le rôle échu, en général, à un disque obturateur placé, d’ordinaire, entre la bande et l’objectif, et animé d’un mouvement de rotation uniforme. Si le débit de l’appareil est celui que nous avons admis jusqu’ici, ce disque devra avoir, évidemment, une vitesse de 15 tours à la seconde et une ouverture d’environ 120 degrés, c’est-à-dire d’un tiers de circonférence, au maximum.

Quant au mouvement de toutes les pièces, bobines, cylindres, fixateur, etc., dont il vient d’être question, on l’obtient, grâce à un système de transmissions plus ou moins compliquées, à l’aide d’une manivelle tournant d’un mouvement aussi uniforme que possible et qu’actionne soit l’opérateur lui-même, soit tout autre moteur convenablement choisi, moteur dont il est loisible de faire varier la vitesse, suivant les besoins. Enfin, depuis la catastrophe du Bazar de la Charité, l’opérateur, ainsi que son appareil, est le plus souvent enfermé dans une cabine de tôle, munie de grillages métalliques. La facilité avec laquelle s’enflamme le mélange de camphre et de collodion qui forme le celluloïd justifie cette précaution : ne voit-on pas, en effet, à chaque instant, un arrêt accidentel tant soit peu prolongé de la pellicule provoquer, quand elle est illuminée, sa combustion ? L’opérateur, lui, doit avoir le soin de la protéger et de se protéger en interposant, sur le passage des rayons, une cuve d’alun ou de glycérine. Pour plus de sûreté, il peut encore munir sa machine de l’écran de M. L. Gaumont qui, en cas d’arrêt fortuit, intercepte automatiquement la lumière, et, par suite, la chaleur.

Et, maintenant, renversons le cinématographe, autrement dit, substituons à la lanterne qui éclaire le film une chambre noire, à ce film une pellicule sensible de même largeur, à l’obturateur employé un autre qui ne laisse pénétrer la lumière extérieure que juste le temps nécessaire pour impressionner le gélatino-bromure, puis, pinçons l’objectif devant le sujet à représenter, à une distance égale à celle de l’écran, et l’on obtiendra, en faisant dérouler la pellicule de façon régulière, tout en assurant les arrêts nécessaires, ce qu’on appelle une bande négative,