Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 40.djvu/62

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je suis très content que vous ayez trouvé du mérite dans ma dernière œuvre. L’effet produit en France m’a en somme satisfait et ce qui m’est revenu de l’étranger, surtout de l’Angleterre, m’a plus satisfait encore. Je vais vous envoyer l’exemplaire que vous désirez. Maintenant, pourquoi ai-je fait ce rapport, dans quel but, par suite de quelles nécessités et de quelles circonstances ? Cela ne pourrait se dire que dans une conversation très longue et très intime. On ne dit point de ces choses par la poste. Il y aurait pourtant fort à vous apprendre sur notre situation dont l’aspect, surtout dans la partie qui est cachée au public, change sans cesse et si rapidement, que celui qui est hors de France depuis quelques mois doit se garder de juger et se tenir dans une grande circonspection.

Ma santé a bien supporté les dernières épreuves. J’en suis content et ne lui demande que de se maintenir.

Adieu. Mille amitiés de cœur. Je recevrai ce que vous aurez à me dire avec un extrême intérêt comme vous pouvez croire.

A. DE TOCQUEVILLE.


Hanovre, le 18 septembre 1851.

J’ai lu le Rapport plus à tête reposée. C’est une des plus belles choses que vous ayez jamais faites et, j’ose le dire, une des œuvres les plus capitales de la philosophie politique. Il y a une sérénité, une grandeur de vues au milieu d’une situation si compliquée et compliquée, il faut l’avouer, par beaucoup de choses qui de loin paraissent un peu mesquines, que l’impression de plaisir et d’admiration qu’on en éprouve, redouble à mesure qu’on y réfléchit plus. Je suis votre conseil ; je ne juge pas ce qui se passe en France et me confesse incompétent ; mais c’est bien dur de vivre ainsi aveugle.

A. DE GOBINEAU.


Berne, le 29 avril 1832.

… Pour ce qui vous concerne, voici ce qui me vient de suite à l’esprit. Il me semble que je prendrais la source des idées novatrices en Allemagne dans la philosophie, la théologie et l’érudition. On peut remarquer que, dans tous les pays du monde, ces trois branches des connaissances humaines ont servi au développement théorique de l’esprit ; mais en Allemagne, l’action