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activement de l’Association, M. Milcent et le baron de Contenson.

Si l’on veut connaître dans ses détails l’organisation des syndicats et de l’association, c’est à M. Milcent et au baron de Contenson qu’il faut s’adresser. Si l’on veut connaître l’esprit de l’œuvre, quelles idées, quelles pensées l’animent, c’est Mme Jean de Castellane qu’il faut entendre. Mme Jean de Castellane, qui abhorre un certain féminisme et voudrait qu’on distinguât mieux le mouvement féminin du mouvement féministe, se forme des syndicats une conception très particulière et très heureuse, que partagent tous les autres membres de l’association. Le travail de la femme, aujourd’hui, est organisé de telle façon qu’elle n’a pas le temps de remplir ses devoirs d’épouse et de mère. Il faudrait que, dans la réglementation des heures de travail, on lui laissât le temps de soigner ses enfans et de préparer le repas de la famille. Il faudrait qu’elle eût, le samedi, tout l’après-midi pour mettre en ordre son intérieur ; il faudrait qu’elle eût le repos dominical pour accomplir, si cela lui convient, ses devoirs religieux. Il faudrait enfin qu’elle fût protégée avant et après l’accouchement… Or, beaucoup des syndicats féminins appartiennent aux partis avancés et sont révolutionnaires. Ils poursuivent plutôt la ruine de la famille que sa conservation. Pourquoi laisser les partis extrêmes accaparer le mouvement syndicaliste féminin ? Pourquoi ne pas grouper les ouvrières selon des idées morales et familiales qui sont les idées françaises traditionnelles ? Ainsi les syndicats féminins ne seraient pas des groupemens politiques, comme tant de syndicats d’hommes, mais des associations à la fois professionnelles et familiales. D’une part, ils accroîtront l’habileté technique des travailleuses, augmenteront les conditions de bien-être et les salaires, développeront les œuvres de prévoyance, et, d’autre part, seront une famille pour celles qui n’en ont pas, et, pour celles qui ont un foyer, le prolongement de ce foyer. On comprend comment le groupe des syndicats et l’Association, loin de se nuire, ne peuvent que s’entr’aider. Les syndicats, consciens de leur initiative et encouragés par les premiers résultats obtenus, continuent à vivre par eux-mêmes ; mais, à côté d’eux, sans s’ingérer le moins du monde dans leurs affaires, les femmes qui composent l’Association s’efforcent de favoriser autour d’elles, par tous les moyens possibles, dans les métiers auxquels, par goût ou par situation, elles s’intéressent plus