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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 40.djvu/650

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Acheter des vêtemens dont on ne connaît ni le prix de façon, ni l’origine, c’est toujours favoriser l’exploitation des ouvriers et des ouvrières à domicile : c’est parfois même acheter la tuberculose, la diphtérie, la scarlatine, et les rapporter chez soi.

— Pour Noël et le jour de l’an, période de presse et de surmenage pour tous les vendeurs et vendeuses, ne faites pas vos achats le samedi après-midi ; ne faites pas vos achats les autres jours de la semaine après cinq heures du soir ; ne faites pas vos emplettes du jour de l’an au dernier moment, c’est-à-dire durant les deux dernières semaines de décembre.

— Ne jamais faire une commande sans demander si elle ne risque pas d’entraîner le travail de la veillée ou le travail du dimanche.

— Toujours éviter de faire ses commandes au dernier moment, surtout aux époques de presse.

— Refuser toute livraison après sept heures du soir ou le dimanche, afin de ne pas être indirectement responsable d’une prolongation des heures de travail pour les livreurs, employés ou employées, apprentis ou apprenties.

— Payer les noies régulièrement et sans retard.

Des enquêtes sont menées par les ligueuses elles-mêmes pour compléter l’instruction des acheteurs. Comment en effet se renseigner sur les conditions des différens métiers, sur la situation des travailleurs, si l’on ne va soi-même aux renseignemens, regardant, interrogeant, questionnant, se documentant enfin ? La baronne Georges Brincard a ainsi mené une enquête pleine d’intérêt sur les marmitons-pâtissiers de Paris, et Mmes Lerolle, Piot et Fagniez en ont mené une autre sur les ouvrières des blanchisseries. La Ligue voulait améliorer le sort des uns et des autres : elle apprit par des enquêteurs ce qu’elle souhaitait et ce que beaucoup ignoraient.

Le petit marmiton débarque de province. On le loge avec cinq ou six autres dans quelque réduit, une soupente près du toit, un recoin humide de l’arrière-boutique. Il y a quelques années, dans une pâtisserie du quartier du Panthéon, des apprentis logés trop près du four furent trouvés asphyxiés le matin. Même catastrophe du côté de Clichy. Souvent le marmiton n’a même pas un lit pour lui tout seul ; les enfans couchent deux par deux. Le travail commence en temps ordinaire à 6 heures et