contagieuse. À New-York et dans le Massachusetts, les marchands sont obligés d’inscrire sur un registre le nom, l’adresse, et le salaire des ouvriers à domicile qu’ils emploient et d’envoyer le double de ce registre à l’inspecteur du travail. La Ligue nationale possède ainsi à l’heure actuelle les noms de tous les ouvriers en chambre qui sont inscrits au registre de l’inspection du travail et des magasins qui occupent ces ouvriers. Vous habitez la côte du Pacifique ou la Floride, et vous voulez savoir dans quelles conditions sont confectionnés les habits qui vous viennent de New-York… Il vous suffit d’adresser au secrétariat de la Ligue de New-York le nom du tailleur ou du magasin qui vous sert et vous êtes renseigné d’une façon précise sur l’origine de votre, vêtement, vous pouvez arriver à connaître tous les êtres, — trop souvent anonymes, — qui travaillent pour vous[1].
Les femmes américaines n’avaient compté que sur elles-mêmes. En France, où les lois se font bien plus lentement et, une fois prorogées, s’oublient, il faut encore plus compter sur soi-même. Déjà les femmes françaises qui avaient créé le syndicat de l’Aiguille s’étaient occupées d’obtenir que les grands magasins accordassent à leurs vendeuses le droit de s’asseoir, et le mouvement d’opinion qu’elles avaient déterminé aboutissais en décembre 1900, au vote de la loi des Sièges. Mme Jean Brunhes, qui désirait une action continue, n’hésita pas à imiter l’exemple des femmes américaines. Le 12 décembre 1902, elle fondait avec Mmes Klobb, Georges Brincard, L. de Contenson, à Paris, la Ligue sociale d’acheteurs.
Cette ligue ressemble naturellement beaucoup aux ligues américaines, puisqu’elle les prend comme modèles. Tout d’abord, elle tâche d’inculquer à ses membres le sentiment de leur responsabilité, et de leur devoir en matière d’achat. Un bulletin et des tracts répandent ses idées, idées simples, milles, que la mémoire retient facilement, et dont voici quelques-unes.
— Si vous avez souci de l’hygiène, ne vous commandez pas une robe, n’achetez aucun vêtement sans demander où et par qui ils ont été confectionnés. Demandez à visiter les ateliers de retouche ; demandez à voir les ateliers à domicile : ce sont des fabriques de tuberculose et de misère.
- ↑ L’Exemple des Américaines, par Mme Jean Brunhes.