nécessaire, et si vivement mené qu’il en gardait une surexcitation fébrile, était astreint à une initiative qui ne pouvait être que déplorable : la plantation et l’entretien inexpérimentés des pêcheraies pour le tannage rendit très coûteuse la section de peausserie, pourtant si importante, et qui ne saurait à aucun prix être supprimée, les peaux étant un des principaux articles d’exportation de Madagascar. La poterie, pour le surplus, confectionnée sur des modèles vétustes et peu vendables, bien inférieurs aux originales formes indigènes, réserva de plus graves désagrémens : on s’aperçut par hasard, la veille du jour où l’on devait faire une grande vente à bas prix destinée à la propagande et à l’émerveillement des indigènes, que les ustensiles de cuisine en terre avaient été teints avec des sels vénéneux.
Les élèves des sections de bijouterie et d’orfèvrerie, stylés sévèrement par des contremaîtres du Jura, apprennent seulement à copier le travail européen le plus rococo. Dans les ateliers de dentelles, les maîtresses venues des vallées de la Loire enseignent à confectionner sur des modèles du Puy, avec de la soie de Chine importée de France, des dentelles qu’on prétendait ensuite vendre comme malgaches sur les marchés métropolitains. L’administration se sent découragée d’avoir dépensé des sommes importantes pour aboutir au plus complet échec et elle vient d’établir que, malgré l’extrême adresse et la modicité de prix de la main-d’œuvre féminine, elle ne pourra faire concurrence aux dentelleries européennes, et nous sommes assurés de voir bientôt supprimer ces sections dans les écoles. Il en est toujours ainsi aux colonies : une liquidation hâtive ne permet de tirer aucune leçon profitable des expériences coûteuses.
L’expérience tentée n’est cependant en rien probante. Il était oiseux de fabriquer à Madagascar une dentelle qui n’avait de malgache que le nom et la main-d’œuvre, et même d’en exécuter sur des dessins composés d’après des feuilles de fanjan ou des fleurs d’orchidées avec un goût officiel par des dessinateurs volontiers médiocres, prétendant ainsi créer de chic un style indigène. Mais on pouvait envisager que, dans un pays comme la France, où le Japon seul vend plusieurs millions d’articles de cadeaux et où un exotisme gracieux dans la surprise prévaut, surtout auprès des femmes, une dentelle originalement malgache, expressive et rare par un caractère d’harmonie rugueuse dans une bizarrerie de fins enchevêtremens, pourrait se faire