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beaucoup aux vôtres et je me défends de mon mieux. Je suis dans cette position, vis-à-vis de lui comme de vous, de ne pas savoir si je dois pleurer de ne pas plaire de tous points à des esprits que je vénère ou rire et être touché profondément de l’abandon qu’ils font de leurs répugnances devant l’intérêt qu’ils me portent. Je crois qu’il faut prendre les deux partis à la fois…

A. DE GOBINEAU.


Paris, le 9 février 1854.

J’ai cette fois-ci de bonnes nouvelles à vous donner de moi au point de vue de la carrière. Je ne retournerai plus à Berne. Le ministre m’envoie, dans mon grade, à Francfort… Enfin, je vais à Francfort, je suis fort content, très philosophe et patient sur la question d’avancement et je serai très heureux, si vous me dites que vous êtes content aussi…

C’est de mon livre surtout que j’aurais voulu vous parler, car je crains toujours ce grand abîme d’objections dans lesquelles je vois bien que je pourrais me noyer. Elles ne sont pas de celles qui s’effacent à la réflexion ; au contraire, elles se creusent et le mal empire. Appliquez, je vous en prie, à empêcher les choses d’en arriver là, l’amitié que vous voulez bien avoir pour moi. Soyez sûr que j’ai bien des choses à répondre. Enfin, il faut que je prenne mon parti jusqu’à nouvel ordre.

J’ai eu l’honneur de voir M. Guizot. Il est fort bon pour moi ; mais c’est à César que je reporte cette faveur que je n’ai pu mériter, c’est-à-dire à M. de Rémusat. M. de Beaumont a bien voulu m’écrire une lettre où j’ai vu un reflet de vous. Il y aura, dans quelques jours, dans les Débats un article, probablement fort obligeant, par M. Alloury. Mais l’auteur m’a annoncé qu’il était fâché d’avoir entrepris cette tâche, car, dit-il, il se perd dans le sujet. On me dit cela beaucoup ici. Les philologues s’effrayent de la partie physiologique, les naturalistes s’effarouchent de l’histoire.

A. DE G.


Saint-Cyr, le 19 février 1854.

J’ai reçu avec grand plaisir votre lettre, mon cher ami. Elle m’a appris une excellente nouvelle en me faisant connaître votre nomination à Francfort. Pour un homme comme vous, qui sait