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Page:Revue des Deux Mondes - 1907 - tome 40.djvu/757

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« Le bon Fénelon, leur dit-il pour les égayer un moment, a fait un traité sur la Direction de la conscience d’un roi, comme si les rois avaient une conscience ! autant eût valu disserter sur la douceur des bêtes féroces. » On pense bien qu’il ne manque pas d’accuser toutes les sociétés littéraires et autres, qui ont précédé la Révolution, d’être « gangrenées d’une incurable aristocratie, » et, pour prouver qu’on ne perdra rien à les détruire, il ajoute : « Je le dirai crûment, presque toujours le véritable génie est sans-culotte. » Quand il eut fini son rapport, David, le stupide David comme l’appelle André Chénier, qui ne laissait jamais passer l’occasion de dire une sottise, crut devoir raconter quelques ridicules anecdotes d’atelier, et s’emporter brutalement « contre l’animal qu’on appelle académicien. » Ce fut toute la discussion et, sans que personne eût répondu, on décida « que toutes les académies et sociétés littéraires dotées et patentées par la nation étaient supprimées. »

La loi votée, les scellés furent apposés sur les salles du Louvre où les Académies siégeaient. L’Académie française y était établie depuis 1673. En remontant un peu plus haut, jusqu’à l’acte de sa fondation sous Louis XIII, elle avait vécu cent soixante-huit ans.


GASTON BOISSIER.