quel qu’il fût, elle n’en put jamais tirer que les lignes suivantes, qui auraient certainement fait manquer le mariage s’il s’était agi de deux bons bourgeois discutant le contrat de leurs enfans : « (19 octobre 1671)… Comme on n’a point demandé le quantum de la dot, qui est peu de chose et que la somme doit être connue, je n’ai pas cru le devoir marquer… » Monsieur était au courant de la réputation d’avarice de son beau-père, et s’attendait à ne jamais toucher un sol de la dot de sa femme. Il passa outre, et on lit dans son contrat : « En faveur dudit mariage, Mondit Seigneur, prince Electeur Palatin, a constitué en dot et fait don à Mad. Dame princesse sa fille de la même somme que les princesses de la maison Palatine ont accoutumé de recevoir et… qui sera délivrée partie en argent, partie en bagues, etc., dont inventaire et estimation sera fait…[1] » On possède « l’inventaire et estimation[2]. » Liselotte apportait en France pour 10 400 livres de bijoux, colifichets, ustensiles de table ou de toilette en or ou en argent. Même pour une princesse allemande, c’était modeste.
Suivait la renonciation de la « Dame princesse » « à tous droits successifs sur tous les biens souverains et féodaux, paternels et maternels, situés en Allemagne, se réservant seulement ses droits sur les biens de même qualité situés hors l’Allemagne, et les allodiaux de sa maison. » La France devait un jour s’appuyer sur ces derniers mots pour réclamer des morceaux du Palatinat.
Le reste du contrat suivait « la coutume » de Paris, avec une grosse exception toutefois : « Seront lesdits Soigneur et Dame futurs époux communs en tous biens, meubles et conquêts, immeubles, qui seront par eux faits durant et constant ledit mariage,… étant néanmoins convenu que tous les biens » appartenant « de présent » au Duc d’Orléans lui « demeureront propres. » C’est qu’il ne s’agissait pas d’une fortune ordinaire. D’après M. de Boislisle[3], les « biens » de Monsieur à l’époque de son second mariage se composaient d’un apanage rapportant 100 000 livres, d’une pension du Roi de 560 000 l. et d’un « supplément » de 100 000 l. ; soit, en tout, 760 000 l. de rentes, qui allaient s’augmenter d’un nouvel apanage de 100 000, l.