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marqué, surtout pour l’acajou. L’Amérique demande des quantités sans cesse croissante de bois d’ébénisterie, et paraît tout spécialement intéressée par les forêts du Gabon. Il a été question d’une ligne de paquebots de fret, qui relierait directement et régulièrement les ports du Congo français à New-York ; on a même parlé d’un trust de l’acajou qui s’étendrait au Gabon. Quant au caoutchouc, les Compagnies veillent à n’accepter plus des indigènes des boules gonflées à l’eau, ou par tout autre procédé frauduleux ; elles s’attachent à répandre de meilleures méthodes de saignée des lianes et de coagulation du latex ; elles étudient la plantation des arbres à caoutchouc, spécialement de divers Ficus, très communs en pays pahouin, et la valeur relative de coupages où sont systématiquement amalgamés plusieurs latex ; des experts très informés ne doutent pas qu’il n’y ait beaucoup à apprendre dans cette voie nouvelle. Bien que Libreville soit le chef-lieu officiel du Gabon, la presque totalité des exportations de caoutchouc se fait par la rade de Cap Lopez, qui est par l’Ogooué plus à portée des districts aujourd’hui exploités.

Le Moyen-Congo n’a pas encore d’autres produits de grande exportation que le caoutchouc et l’ivoire, celui-ci appelé à diminuer rapidement. Les statistiques de cette région, notons-le en passant, englobent celles de l’Oubangui-Chari et du territoire militaire. Tout le commerce de l’intérieur descend par les voies fluviales sur Brazzaville et là notre Congo devient un affluent du chemin de fer belge, qui conduit du Stanley Pool à Matadi, port maritime de l’estuaire. Brazzaville a vu passer ainsi, en 1905, 1 125 tonnes de caoutchouc français, qui ont été drainées en majorité sur Anvers. Or, il est possible que l’ancienne route française, de Loango à Brazzaville, abandonnée aujourd’hui, renaisse à une nouvelle activité : l’arrière-pays de Loango recèlerait des mines de cuivre d’une grande richesse. Dans l’état actuel des prospections, il serait imprudent de conclure trop vite à l’avenir de cette exploitation, d’autant que l’indigence et l’inexpérience de la main d’œuvre seraient un élément de hausse très sensible du prix de revient. Exprimons seulement le vœu, si ces mines décidaient l’intervention des capitalistes puissans qui déjà les étudient, que l’administration coloniale associe la concession à l’établissement de voies de pénétration d’intérêt général. Il y aurait là une formule analogue à celle dont le